Arc Afterwork : des matériaux pour se réconcilier avec le climat
Pour une architecture de lutte contre le réchauffement climatique, rien de tel que retrouver certains fondamentaux. Lors de son dernier Arc Afterwork à Lausanne, la Documentation suisse du bâtiment a surtout évoqué le recours à des matériaux écologiques, façon de se réconcilier avec la planète. Quatre conférenciers et autant d’approches se sont succédé, à l’appui de divers exemples pratiques, comme celui de la construction de l’écoquartier des Plaines-du-Loup.
Crédit image: Photodrone.pro, Pedro Gutiérrez
La centaine de participants a évoqué au travers de quatre conférences le retour aux fondamentaux, comme aide à la lutte contre le réchauffement climatique.
Résilience. Force de conviction. Volonté de briser les codes. Trois principes qui doivent guider les architectes dans leur travail contre le réchauffement climatique et les émissions de dioxyde de carbone. Une centaine de professionnels de la construction a donc pu découvrir le 6 septembre dernier au Musée olympique de Lausanne quatre approches et autant de défis lancés à leur secteur par la dégradation de l’état de notre planète. Coïncidence : le même jour de cet Arc Afterwork organisé par la Documentation suisse du bâtiment, les Nations Unies indiquaient que le climat terrestre était au bord de l’effondrement. Les recommandations des experts doivent par conséquent être mieux prises en compte quand il s’agit de construire de nouveaux bâtiments. Les architectes le savent bien, et les initiatives fleurissent, souvent sous l’impulsion des collectivités publiques.
Crédit image: Joud Vergély Beaudouin Architectes
La future maison de quartier des Plaines-du-Loup, à Lausanne, propose des matériaux naturels et innovants.
A témoin, ces recherches menées par le bureau d’architecte lausannois Joud Vergély Beaudoin pour construire la nouvelle maison communautaire de l’écoquartier des Plaines-du Loup, sur les hauteurs de Lausanne. Un corps de quatre bâtiments imbriqués qui utilise la terre crue pour l’intérieur et un béton à base de chanvre et de chaux pour sa structure porteuse. Après une phase de tests très poussés, les nouveaux matériaux ont révélé leurs vertus. En termes de performance surtout. « La recherche de techniques innovantes est une formidable source de motivation pour les architectes », a indiqué Christophe Joud. Les architectes de cette future maison de quartier ont ainsi eu l’idée de faire une cabane dans un parc urbain. Ils ont relevé le défi de présenter un bâtiment destiné à accueillir plusieurs types d’activités de manière conjointe, en utilisant la terre excavée pour les cloisons intérieures. « Les analyses du terrain ont montré qu’il fallait ajouter plus de gravier au sable et au limon pour obtenir un matériau performant », a expliqué l’architecte Lorraine Beaudoin. La réflexion menée dans ce cadre s’est donc vite orientée vers l’adaptation du projet de base à la nature des matériaux choisis. Un changement de paradigme en architecture. La terre excavée a été criblée et dépierrée, avant d’être mise en charge. Pour l’ossature du bâtiment, Christophe Joud a utilisé du chanvre mêlé à un peu de chaux. Un matériau découvert un peu par hasard, mais qui s’est montré parfaitement performant. Il permet aussi de se marier avec du bois, notamment pour les cadres de fenêtres.
Un écoquartier digne de ce nom perdrait son qualificatif si ses matériaux de construction n’étaient pas écologiques. L’architecte lausannois Nicolas de Courten a donc imaginé l’une des pièces urbaines des Plaines-du-Loup en travaillant à la fois sur la brique isolante de terre cuite et de pierre volcanique soufflée. Il a aussi joué sur l’enrichissement des vides des bâtiments à construire. Une réflexion menée pour réduire les émissions de dioxyde de carbone, avec des techniques que le développement du béton a oubliées pendant des décennies, voire des siècles. « Nous devons aussi lutter contre les causes du réchauffement climatique », a affirmé le conférencier. L’architecte transforme de ce fait la densité du bâti en espace de vie agréable ».
Retrouver la
matière
Après ces cas pratiques, les participants à l’Afterwork ont pu prendre la
mesure du défi climatique et de ses enjeux. L’architecte Véronique Favre, du
bureau genevois FAZ, leur a enjoint de travailler sur ce qui est déjà en place
pour se réconcilier avec notre planète. « Prendre soin des bâtiments et de
l’environnement, décarboner, recourir à l’économie circulaire, faire mieux avec
moins, militer pour la résilience font partie des pistes à explorer vers une
construction durable », a-t-elle expliqué. Cela ne va pas sans se heurter à des
difficultés, voire des tragédies. L’architecte Guillaume Yersin, du bureau
d’architecture carougeois Saas Sàrl, a en partie souligné les péripéties
rencontrées dans le cadre de la réhabilitation de bâtiments laissés à
l’abandon. Leur ancienne activité n’est pas toujours compatible avec les
meilleures intentions en faveur du climat, a-t-il expliqué à l’appui d’un
projet de réhabilitation d’une ancienne tuilerie au sud de Genève.
Pas à pas vers le
salut
Les participants se sont dit convaincus par ces deux heures de conférences.
Même s’ils ont conscience de l’ampleur du chemin à parcourir pour construire en
faveur de la défense de la planète. Les vieux réflexes, le souci du moindre
coût et la volonté d’honorer les mandats dans les temps impartis ont la vie
dure. Mais, à l’instar de ce que prétend le représentant de la maison Knauf,
active dans la fabrication d’éléments d’isolation acoustique, cela « avance » !