Bilan énergétique de la maison de paille
Le bâtiment bioclimatique de Lausanne ECO46 existe depuis déjà trois ans. Une étude sortie la semaine dernière montre que l’énergie dont elle a besoin est 50% inférieure aux exigences du label Minergie-P.
Lausanne est historiquement la première ville suisse à financer, par le biais du Fonds communal de développement durable, un bâtiment administratif public fait de paille. Né en 2012, le bâtiment, nommé ECO46, ne consomme trois fois rien. En effet, mené par Institut national des sciences appliquées de Strasbourg (INSA) et de l’EPFL, une étude a permis de prouver que l’édifice situé à Lausanne consommait 50% moins d’énergie primaire que les normes Minergie-P l’exigent.
En détail, le poêle à chaleur direct a une puissance de 6 kw. Il brûle quelque 600 kg de pellets par année, revenant à environ 250 francs par an. Ce qui correspond à une consommation annuelle de chauffage de 10kW/an, soit approximativement 4 fois moins que pour les standards les plus efficaces construits aujourd’hui en Suisse (exigence Minergie-P) et près de trois fois moins que le pronostic calculé à l’origine du projet. Si l’on y ajoute l’électricité utilisée pour l’eau chaude sanitaire et la ventilation, on constate que la consommation d’énergie primaire de ECO46 est de 12kW/m2, ce qui équivaut à la moitié moins de ce qu’exige un bâtiment labellisé Minérgie-P. Avec les panneaux photovoltaïques installés en toiture, cette dépense est largement composée.
En cumulant toutes les consommations d’énergie primaire, il est surprenant de voir qu’au final c’est l’électricité nécessaire à l’éclairage et au fonctionnement des équipements tels que les ordinateurs, les imprimantes et la machine à café, qui en constitue la plus grande partie.
Réduction de la ventilation pour une économie d’énergie supplémentaire
Bien que l’enveloppe de ECO46 présente une valeur de perméabilité à l’air de plus de fois supérieure à la norme Minergie-P, elle présente un avantage énergétique certain. En effet, après une période d’essai, les responsables du projet ont décidé de limiter la durée de fonctionnement de la ventilation de double flux à 5 heures sur la journée durant la semaine. L’analyse a montré que montré si son enveloppe était plus étanche, ECO46 consommait 10% d’énergie primaire en plus. Effectivement, les besoins en pellets pour le chauffage sont certes un peu moindres, par contre l’énergie électrique nécessaire à la ventilation continue serait plus élevée.
Le besoin du renouvellement d’air est plus faible, environ 65% de moins que la norme. La mise en œuvre de matériaux de construction et d’agencements exempts de solvants et d’autres polluants contribue en effet à préserver une bonne qualité d’air dans les pièces. La régulation hygrométrique est assurée par les enduits en terre crue des parois intérieures, dont les capacités naturelles d’absorption sont optimales. Enfin, un capteur mesurant la concentration de CO2, permet d’assurer un taux optimal de renouvellement d’air dans la salle de conférence, même en cas de forte occupation.
Après trois années d’exploitation, le bilan extrêmement positif de ECO46 constitue un argument supplémentaire à l’utilisation de la paille et de la terre dans de futurs projets. Valoriser les résultats obtenus par la construction du bâtiment d’une échelle plus importante serait l’aboutissement de la démarche.