13:10 ARCHITECTURE

Peak Walk: la passerelle d’acier suspendue entre ciel et terre

Le paysage du glacier des Diablerets est exceptionnel. Mais pour attirer encore plus de touristes et leur offrir le frisson du vide en toute sécurité, un pont suspendu vient d’être construit. Cette structure d’acier d’une centaine de mètres, ancrée dans la falaise, a coûté 1,8 million de francs et sera inaugurée le 24 octobre. Reportage lors d’un moment clé du chantier: la pose des 4 câbles porteurs.

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Le froid est piquant. L’oxygène se fait rare. Du givre et de la neige s’accrochent au sol. Les premiers rayons de soleil frappent le Scex Rouge, le sommet qui flirte avec les 3000 m d’altitude sur le glacier des Diablerets. Au loin, dans le silence, les Alpes se découvrent: Eiger, Cervin, Grand Combin…
C’est là, dans ce paysage exceptionnel, que la société Glacier 3000 est en train de monter une attraction qui se veut unique et spectaculaire: le premier pont suspendu au monde qui relie deux sommets: le View Point et le Scex Rouge (2977 m). Cette passerelle en acier sera inaugurée ce mois de novembre. Baptisée Peak Walk, elle fait 107 m de long avec une pente maximale de 15%.
En ce matin de septembre, un bruit sourd monte de la vallée, du col du Pillon, 1500 m plus bas. Le bruit se fait de plus en plus précis. Les pales d’un hélicoptère battent l’air. Un câble d’une centaine de mètres est attaché à l’appareil, suspendu dans le vide: 1,4 t d’acier d’une épaisseur de 45 mm de diamètre. Un des quatre câbles porteurs qui permettront aux touristes et curieux de marcher au-dessus des abysses.

Du travail de pros
L’hélicoptère, un K-Max de l’entreprise Rotex, se met en vol stationnaire au-dessus du sommet. Cet appareil américain monoplace, à double rotor, est l’engin de prédilection pour le transport de charges en altitude qu’il s’agisse de troncs d’arbres ou de structures pour remonte-pentes. Trois hommes attachés avec des harnais de sécurité se préparent à réceptionner le filin. L’un d’entre eux est en contact radio avec le pilote pour le guider dans la manoeuvre. En à peine quelques secondes, les ouvriers s’emparent du câble et le fixent à l’ancrage de béton.
L’hélicoptère glisse alors lentement vers le deuxième sommet en perdant progressivement de l’altitude. D’autres ouvriers s’emparent à leur tour de l’autre bout du câble. L’hélicoptère peut décrocher et plonger vers sa base pour chercher les trois autres cordes d’acier qui formeront l’armature principale du pont…
Initialement, il avait été imaginé de construire un pont avec des pylônes pour réduire les tensions. Mais rapidement les ingénieurs se sont rendus comptes que le projet était trop compliqué. C’est finalement une solution aérienne et légère de passerelle suspendue, ancrée directement dans le rocher qui a été retenue. Toutes les fondations sont assurées avec des ancrages dans la roche: huit du côté du View Point et huit autres du côté de Scex Rouge. Et pour réduire le jeu du pont, quatre ancrages et des câbles de 6 à 12 m de long sont fixés au centre, entre les deux sommets.

Marge importante de sécurité
«Notre but était de minimiser l’impact visuel et d’éviter le bétonnage de la montagne, explique Martin Dietrich, ingénieur chez Theiler Ingenieur SA et responsable du projet. Les fondations sont volontairement le plus discrètes possibles. Au total, nous avons utilisé 20 m3 de béton, 50 t, pour créer les ancrages dans la roche. La qualité de la falaise est relativement mauvaise ici, mais nous avons quand même réussi à bien ancrer le pont. Les ancrages ont une capacité de charge de 30 à 72 t par pièce.»
Le pont peut supporter théoriquement des vents allant jusqu’à 200 km/h. Mais pour des raisons de sécurité, il sera fermé dès 70 km/h. La vitesse de vent à partir de laquelle le téléphérique d’accès au glacier est lui-même interrompu. Le Peak Walk est calculé pour accueillir jusqu’à 300 personnes simultanément. Mais là aussi on préfère travailler avec des marges de sécurité importantes. Le nombre de visiteurs autorisé est volontairement limité à 150. Autant pour des raison de sécurité que de confort.
La passerelle dont la hauteur de la main courante est à 1,2 m ne fait en effet que 80 cm de largeur. Cette largeur a été calculée pour laisser passer la fraiseuse indispensable à dégager la neige et la glace qui à cette altitude s’accumulent rapidement.

3,5 m d’amplitude
«Nous venons de tirer les câbles jusqu’aux fondations avec un tire-fort, reprend Martin Dietrich. Une fois tendus de part et d’autre des sommets et mis sous tension, l’amplitude des câbles est de 1,5m. Mais avec les éléments du ponts posés, le poids total de la structure le fera plier d’un mètre supplémentaire. Et quand les touristes se promèneront dessus, nous avons calculé qu’il s’affaissera encore d’un mètre supplémentaire. L’amplitude complète sera de 3, 5 m.» Ajoutez à cela le vent qui pourra faire balancer latéralement la structure de 20 à 30 cm… Les frissons sont garantis.
Bernhard Seiler, patron de Seiler SA, acier et constructions métalliques à Bönigen (BE), est en charge avec ses ouvriers de la construction du Peak Walk: «C’est le genre de chantier qui est totalement dépendant de la météo, surtout pour les travaux d’ancrage et de bétonnage, car il faut certaines conditions de température pour qu’il prenne correctement. Et le problème, c’est que c’est très haut. Nous avons déjà construit des ponts suspendus trois fois plus longs. Mais, ici, nous sommes trois fois plus haut. Nous sommes dépendants du temps qui varie très rapidement, du matériel à amener, de l’altitude qui rend le souffle plus court, les efforts plus difficiles. Mais tout a été bien organisé. Et toute difficulté trouve une solution. Il est vrai que nous avons déjà l’expérience des chantiers en altitude, à la Jungfrau ou au Schilthorn.»
La passerelle à l’allure si frêle a une durée de vie estimée de 50 ans. Les techniciens de Glaciers 3000 ont été formés pour en gérer l’entretien quotidien. Un contrôle annuel sera effectué par le constructeur. Tout est désormais en place pour que, gratuitement, les touristes et visiteurs frémissent de plaisir en toute sécurité. Un plaisir qui aura quand même nécessité un investissement de 1,8 million de francs (JAL)

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