18:12 ARCHITECTURE

Table rase d’une riche histoire d’un demi siècle

Le site industriel de l’Avenue des Planches qui habritait la plus grande imprimerie de la Riviera vaudoise a fait place nette. En lieu et place, le quartier revivra avec six nouveaux immeubles pour 86 appartements. La construction des logements devrait débuter d’ici début 2012, pour se terminer à l’été 2014.

Immanquablement, le renouvellement urbain donne lieu aux fatidiques processus de démolition-reconstruction qui produisent parfois des sentiments étranges. Surtout lorsqu’il s’agit de «pierres» emblématiques, témoins du passé glorieux d’une corporation d’artisans disparus. Ainsi, la «boîte» de l’Avenue des Planches symbolisait aussi les cinquante dernières années les plus mouvementées de l’industrie graphique suisse: celles de la fin de l’âge du plomb à celles de l’ère du tout numérique. Avec la déconstruction de ce site, Montreux raye ainsi définitivement les traces des convulsions d’un artisanat en perpétuelle transformation. Outre l’imprimerie de labeur, le site abritait la rédaction de la Presse Riviera-Chablais, un quotidien régional qui avait fédéré des dizaines de titres, dont la Feuille d’Avis de Vevey, créée en 1846. Le groupe Corbaz fut vendu au groupe Edipresse en 2002 et après le regroupement des activités d’impression sur le site des IRL à Renens, le complexe immobilier fut ensuite racheté par le Groupe Steiner.

Décontamination et dépollution

Le chantier de déconstruction a démarré début septembre par une première phase consacrée à la dépollution du site. En charge de la déconstruction, de la gestion des déchets et de la dépollution, le bureau CSD Ingénieurs entame la dernière ligne droite de l’assainissement de cette friche industrielle. Trois mois de travaux et un budget de 1,4 millions de francs auront été nécessaires.

Logé dans un contexte urbain dense en bordure d’une ligne CFF, le site présente une grande hétérogénéité dans les constructions. Les ingénieurs ont fait face à plusieurs problématiques complexes liées à plusieurs domaines d’activités (substances dangereuses dans les bâtiments, déchets spéciaux, génie civil et travaux spéciaux, sites pollués, etc). Leur diagnostic a révélé la présence de matériaux contenant de l’amiante, mais aussi des peintures au plomb, des bétons imprégnés d’hydrocarbures et des bitumes contenant des HAP.

Protocole strict

La première étape a été consacrée au désamiantage de la maison située à l’Est du site afin de libérer de la place pour installer les infrastructures de chantier avant d’entamer le bâtiment industriel.

Présentant les pollutions typiques des constructions de l’époque des années soixante et en plein contexte urbain, le site a exigé des précautions particulières. Le protocole à suivre a été le même pour les deux structures. Les zones à traiter ont été dépressurisées. Constamment renouvelé à l’intérieur de la zone, l’air a été filtré pour retenir les poussières évacuées dans des sacs de décontamination. «Nous utilisons des extracteurs très puissants avec plusieurs batteries afin de pouvoir travailler sur de larges zones et traiter l’amiante dans les cloisons, les colles de carrelage ou de linoléum, ainsi que du plomb dans les peintures. Ce système de confinement avec SAS traite des grandes surfaces et des cabines mobiles développées par l’entreprise de désamiantage AMI permettent un avancement rapide sur le périmètre», explique Antoine Indaco, ingénieur chimiste, responsable des déchets et pollutions chez CSD ingénieurs à Lausanne. Les peintures ont été poncées et aspirées à la source au lieu d’un décapage chimique dangereux ou un sablage qui ne fait que transférer la pollution.

La maîtrise des projections de gravats a été assurée par des rideaux suspendus entourant le périmètre. Les poussières fines résultant de l’abattage des dalles et murs étaient parallèlement neutralisées par un épais brouillard d’eau. Un système de récupération des eaux de ruissellement a été installé sur le chantier. «Les eaux étaient récupérées dans des bassins de rétention. Les matières en suspension ainsi que le pH ont ainsi pu être contrôlées et adaptées avant rejet», conclut Antoine Indaco.

4000 m3 de béton réduits en gravats

Lors de la déconstruction, certains matériaux tel que le bois, le verre, le cuivre, l’aluminium et la pierre ont pu être triés et récupéré. Le béton propre a été concassé afin d’en faire une grave utilisée sur le chantier, notamment pour créer des rampes d’accès ou pour des utilisations ultérieures par l’entreprise. Au total, 4000 m3 de béton ont été démoli et recyclé, 350 tonnes d’acier recuperé et 20 tonnes de fibrociment ont été acheminés en décharge.

Une logistique impressionante

La société Orllati SA de Bioley-Orjulaz, est notamment intervenue avec sa grande pelle hydraulique de 100 t, la nouvelle Hitachi ZX670LCH-3 qui peut supporter une pince de démolition de 2,2 t jusqu’à une hauteur maximale de 40 m grâce à un bras télescopique à trois segments. La machine dispose d’un deuxième bras de démolition, un Heavy Duty de 26 m, qui permet d’œuvrer avec une pince de 5 t. Avec son bras standard d’excavation et son godet de 4 m3, elle est à même de déplacer rapidement des volumes importants. La seconde grosse pelle engagée sur le site, est une Hitachi ZX350LC-3, munie d’un équipement superlong de 18 m ainsi que d’un bras monobloc avec une extension de 3,5 m. Ces deux machines sont équipées du système breveté de changement de bras Omlock qui leur permet d’assurer rapidement les changements des bras. Ces équipements sont distribués en Suisse exclusivement par Probst Maveg.

Depuis 2009, cinq nouvelles pelles Hitachi avec leurs équipements sont venues compléter le parc de machines de l’entreprise de Bioley-Orjulaz.(eko)

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