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Le nouveau bâtiment du Grand Conseil vaudois

Une présence emblématique, caractérisée par une toiture asymétrique qui s’élève dans le ciel de la Cité historique. C’est ainsi que le bureau d’architecture lausannois, l’Atelier Cube, en association avec le bureau barcelonais Bonell & Gil imaginent le futur Parlement vaudois. Le projet des architectes répond avec audace et poésie aux enjeux posés par la rénovation de ce haut lieu cantonal.

«Nous avons privilégié un projet audacieux qui affirme la présence du Parlement de préférence à un projet plus effacé», expliquait Yves Christen, ancien président du Conseil national et co-président du jury, dans son rapport en juin dernier. C’est le geste architectural de l’Atelier Cube et Bonell & Gil qui a répondu le mieux aux attentes de la majorité du jury. Une toiture asymétrique qui, à l’image d’une pyramide, marque une inscription affirmée dans la cité médiévale lausannoise. Visible de loin, le futur bâtiment ne reste pas moins un élément harmonieux parmi les édifices médiévaux qui caractérisent ce quartier historique. Et c’est sans doute l’une des plus grandes forces de ce projet intitulé «Rosebud», car l’inscription dans la silhouette de la Cité a été un enjeu capital dans la sélection du lauréat parmi les six projets en lice durant la phase finale. C’est que le futur Parlement cantonal ne sera pas érigé sur un site vierge. Il prendra place sur les ruines de son prédécesseur à l’architecture contemporaine de style néo-classique, construit en 1803 par Alexandre Perregaux, et en grande partie détruit par un incendie en mai 2002. La conservation de certains éléments emblématiques devra être soigneusement prise en compte. La façade, surtout, parce qu’elle est la première manifestation monumentale du néo-classicisme dans le canton de Vaud. «Sa valeur historique et symbolique est remarquable. Elle compose, avec la terrasse du château et ce dernier, un site fort et représentatif de la vie cantonale. Elle n’a en outre guère souffert de l’incendie, même si son état statique nécessitera probablement des interventions. Le vestibule, aussi appelé péristyle, est un autre trait caractéristique à préserver, en raison de son sol entièrement décoré d’un pavage d’une qualité rare et peu présent dans le canton. Le reste du bâtiment a été en grande partie détruit par les flammes, à l’exception des structures médiévales, soit les murs porteurs et les poutraisons, qui sont dans un bon état de conservation et témoignent de l’histoire du site et de son occupation successive par des édifices à vocation publique.

Des enjeux de taille

«La reconstruction et la remise à jour aux exigences actuelles du Grand Conseil présente un défi urbanistique, architectural et politique majeur pour le Canton et sa capitale, note Yves Christen dans le rapport du jury. C’est pourquoi le maître de l’ouvrage, Conseil d’Etat et Parlement réunis, a imposé des conditions strictes qui auraient pu sembler difficiles à concilier, s’agissant de l’intégration de la construction dans la silhouette de la Cité, du maintien des composantes historiques avec les exigences d’un Parlement moderne, des qualités architecturales, de l’économie du projet et de ses qualités environnementales».

Un bâtiment moderne et fonctionnel

Le projet «Rosebud» répond particulièrement bien à la nécessité d’un bâtiment moderne et fonctionnel. La salle du Grand Conseil baigne dans une lumière naturelle, zénithale d’une part, et grâce à de grandes fenêtres de l’autre. «Tout en tenant compte des contraintes historiques, le nouveau Parlement devra être un bâtiment symboliquement ouvert, voire transparent. La vie de la salle elle-même, des pas perdus et de leurs abords, doit être perceptible de l’extérieur», peut-on lire sur le site Internet du Parlement. Pour favoriser cet échange entre la citoyenneté et la politique, un restaurant sera aménagé sur la place qui se trouve en hauteur de la place du château. Avec ses nombreux platanes et sa vue imprenable sur les toits de la ville, elle abritera un restaurant ouvert au public où touristes, visiteurs et députés pourront se côtoyer. L’intégration du développement durable se distingue également par une très faible consommation énergétique et une utilisation de matériaux écologiques.

Le projet est actuellement à l’étude. Certains aspects doivent encore être développés, tels que la matérialisation de la toiture, l’intégration du socle médiéval ou encore les dimensions de la place de travail parlementaire. Son développement sera réalisé en parallèle à l’élaboration d’un plan d’affectation cantonal et à la demande de crédit d’ouvrage, qui devrait intervenir d’ici l’été 2010. Les travaux de construction devraient être débuter à la suite jusqu’à l’été 2012. (Emilie Veillon)

Le destin d’une colline

Située sur un promontoire entre les deux rivières du Flon et de la Louve, la Cité offre des conditions naturelles favorables à l’établissement d’une communauté humaine. Des traces d’occupation apparaissent dès la fin du Mésolithique (VIe millénaire avant notre ère). À l’époque médiévale s’y dresse une citadelle, percée de cinq portes et comprenant deux artères principales, les actuelles rues Cité-devant et Cité-derrière, qui relient la Cathédrale (XIIIe siècle) au Château Saint-Maire (XIVe siècle).

En 1803, date de l’indépendance vaudoise, le Petit Conseil - pouvoir exécutif de l’époque - entreprend de trouver, dans le Château, une salle de réunion pour le Grand Conseil, lequel avait été réuni pour la première fois le 14 avril. Mais le 24 avril, l’architecte Alexandre Perregaux présente son projet pour le siège du Parlement, un bâtiment inséré dans les murs de l’ancienne maison capitulaire qui fait face au Château. Dès le 6 mai, le Petit Conseil charge l’architecte d’entreprendre la réalisation de son projet, ce qui permettra une entrée en fonction en mai 1804, soit à peine plus d’un an après la naissance du nouveau canton!

De style néo-classique, le projet comportait un péristyle formé de quatre colonnes flanquées de deux ailes. Il semble que seule l’une d’elles ait été réalisée, avant d’être démolie en 1833, lors de la construction du bâtiment du Tribunal d’appel (actuel N°6 de la place du Château). Le plan du niveau principal se caractérise par une succession d’espaces contigus, progressivement décalés par rapport à l’axe de la façade d’entrée, qui conduit à la salle du Grand Conseil. En réutilisant habilement les fondements médiévaux existants, Perregaux parvient à créer une subtile relation, symbolique et formelle, entre le Château, siège du pouvoir exécutif, et le Parlement, siège du pouvoir législatif.

(EV/Ville de Lausanne)

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