La villa brutaliste de Georges Berra inscrite officiellement dans l’histoire genevoise
Edifiée en 1976 à Cologny (GE), la villa Nessim incarne
la maturité de son architecte, Georges Brera, et s’inscrit dans le courant
brutaliste par sa forme expressive. Dans un état remarquable de conservation et
d’authenticité, la demeure et ses abords sont désormais inscrits à l’inventaire
des immeubles dignes de protection du canton de Genève.

Crédit image: CDAO / photo A. Bassi, 2025.
La villa brutaliste Nessim, telle qu’elle apparaît aujourd’hui au bord du Léman.
Réalisée par Georges
Brera, en collaboration avec Peter Böcklin et Bernard Mocellin, la villa
Nessim, située au chemin de la Fraidieu, dans la commune de Cologny (GE), est
l’œuvre d’une figure majeure de l’architecture genevoise de la seconde moitié
du XXe siècle. George Brera est à l’origine de réalisations
emblématiques du développement territorial cantonal d’après-guerre, parmi
lesquelles le centre pédagogique de Geisendorf, les Tours de Carouge, la
piscine de Lancy, la STEP d’Aïre, Palexpo ou encore la gare CFF de l’aéroport
de Genève-Cointrin.
Partenariat
emblématique
La villa est commandée en 1973 par l’ingénieur Léon Nessim, rencontré lors de
la construction de la STEP d’Aïre. Elle peut être interprétée comme une
conséquence de la contribution conjointe de Brera et Böcklin aux grands travaux
d’épuration cantonaux des années 1960, qui leur apportent plusieurs mandats de
villas individuelles. Conçue à l’origine pour deux familles, la villa adopte
une configuration en L composée de deux volumes délimitant un jardin et sa
piscine. Le premier, disposé le long de la rue, accueille l’habitation
principale avec son enfilade de pièces de jour à rez-de-chaussée (cuisine,
salle à manger, séjour) et sa suite parentale à l’étage, que prolonge une
généreuse terrasse. Le second, perpendiculaire, abrite, en haut, deux autres
chambres équipées de leur salle de bains, ainsi qu’un logement de plain-pied
possiblement indépendant.

Crédit image: Archives BMS Atelier d’architecture / photo J. Verdier, années 1970.
La villa Nessim vue depuis le jardin avec la piscine au premier plan, en 1970.
Sur le plan architectural, la villa s’inscrit dans la
continuité des réalisations précédentes de Brera (villa Taubert à Genthod,
villas Rappaport et Weisz à Cologny). Elle se rapproche également de ses
projets industriels, comme le Porteous, qui font la part belle au béton
apparent. Ici, la massivité minérale des parois (béton brut, crépis) s’allie à
la transparence des grandes baies coulissantes, le tout couplé à la force
plastique des bandeaux, balcons, acrotères et autres déversoirs dont le
caractère sculptural rappelle l’architecture de Le Corbusier.