Coup de frein pour le troisième gratte-ciel de Roche à Bâle
Le groupe pharmaceutique Roche prévoit de construire une
troisième tour et un parc sur son site sud à Bâle, impliquant la démolition de
bâtiments existants. La commission de la construction et de l'aménagement du
territoire (BRK) du Grand Conseil s’y oppose, notamment pour préserver le
bâtiment 52, considéré comme emblématique et digne de protection.

Crédit image: Roche
Outre une troisième tour, Roche aimerait aménager un espace vert au pied de ses édifices.
Le groupe
pharmaceutique Roche souhaite construire une troisième tour de bureaux dans la
zone sud de son siège social, situé dans la Grenzacherstrasse, à Bâle. Sa forme
et sa hauteur s'inspireront des tours Herzog & de Meuron existantes, les
bâtiments 1 et 2, avec une hauteur maximale prévue de 221 m. Bien qu'il n'y ait
pas encore de projet concret, il est prévu de créer de l'espace pour celui-ci
ainsi que pour un grand parc. Pour que ces plans puissent se concrétiser, les
anciens bâtiments de bureaux et de laboratoires situés au bord du Rhin doivent
être démolis.
Vives oppositions
Les plans de Roche suscitent depuis longtemps des oppositions:
l'association Heimatschutz Basel a ainsi déposé un recours et critiqué la perte
imminente du bâtiment 27, une usine conçue par Otto Salvisberg, et du
gratte-ciel 52 de Roland Rohn.
La majorité de la
commission de la construction et de l'aménagement du territoire (BRK) du Grand
Conseil n'est pas non plus entièrement d'accord avec les plans de Roche. Comme
elle l'a annoncé récemment, elle souhaite modifier le plan d'aménagement sur
plusieurs points: elle exige que l'aménagement d'un chemin public et de lieux
de détente pour la population soit rendu obligatoire. La majorité aurait
souhaité s'engager en faveur d'une ouverture totale du nouveau parc, mais cela
n'est pas possible en raison des centrales de chauffage et de refroidissement
prévues sous le parc, qui utilisent de l'ammoniac, et des restrictions
associées imposées par l'ordonnance sur les accidents majeurs, selon le
communiqué de la BRK.
Plans retravaillés
En ce qui concerne l'élargissement de la promenade Solitude, la majorité de la
BRK souhaite renoncer à la « saillie coûteuse » prévue pour la nouvelle piste
cyclable et piétonne. Ainsi, le voisinage et le grand public pourraient
également profiter des nouveaux espaces verts et ouverts. En outre, elle exige
que les constructions prévues respectent les normes en matière d'émissions de
gaz à effet de serre liées à l'énergie pour les nouveaux bâtiments. Comme c'est
le cas dans d'autres plans d'aménagement.
Petit
frère du bâtiment de l'ONU à New York
Par ailleurs, la BRK a également une préoccupation en matière de protection des
monuments historiques: le bâtiment 52 doit rester en place et ne doit pas céder
la place à une nouvelle voie d'accès.
Selon la BRK, le
gratte-ciel achevé en 1960 est considéré comme digne d'être protégé par les
parties concernées. Il est considéré comme le petit frère du bâtiment de l'ONU
à New York et comme le premier bâtiment à façade rideau en Suisse. Elle
souligne également que le plan d'aménagement de 2010, qui a permis la
construction du bâtiment 1 et qui est toujours en vigueur, stipulait déjà que
le bâtiment 52 devait être conservé. Cependant, ce n'est pas seulement
l'élégante tour qui est inscrite dans l'inventaire national des sites
construits à protéger (ISOS) avec l'objectif de conservation A, mais l'ensemble
de la zone sud. Dans ses efforts, la BRK se concentre sur le bâtiment 52.
A cet égard, la BRK
note que les expertises ont attesté de son bon état général et qu'il n'y a pas
non plus de problèmes sur le plan statique. Elle souligne qu'il est possible de
réaliser une mise aux normes sismiques à 100 % selon la norme SIA 261, une rénovation
énergétique des façades tout en conservant le mode de construction typique du
bâtiment, ainsi qu'une adaptation des plans aux besoins actuels. A cela
s'ajoute le fait que la conservation du bâtiment 52 ne fait pas obstacle à
l'idée d'une zone sud ouverte et verte.
Avis minoritaire
Une minorité de la BRK voit toutefois les choses différemment. Elle ne conteste
pas la valeur architecturale du bâtiment 52, cependant, des études
approfondies auraient montré que la conservation durable de la tour n'est pas
proportionnée: à l'exception de la structure de base, pratiquement tout devrait
être démoli, et même dans ce cas, la substance ne pourrait pas répondre aux
exigences actuelles en matière de sécurité sismique et de fonctionnalité. En
outre, elle estime qu'un renforcement détruirait l'expression architecturale,
de sorte qu'il ne s'agirait plus d'une conservation, mais seulement d'un
remplacement.