Un mur de granit de 7000 ans découvert au large de la Bretagne
Près de l’île bretonne de Sein ont été découvertes des structures en granit vieilles de 7500 ans, soit antérieures aux célèbres alignements de Carnac. La plus imposante, un mur de 120 m, aurait servi à la fois de barrage à poissons et de protection contre les vagues.
Crédit image: Wikimedia Commons, Gzen92, œuvre personnelle, CC BY-SA 4.0
Les fonds marins du Finistère révèlent des secrets millénaires de l'art de la construction.
A environ 9 m sous la surface de la mer, à l'extrémité ouest de la Bretagne, près de l'île de Sein, une équipe dirigée par le géologue Yves Fouquet de la Société française d'archéologie et de mémoire maritime a découvert les vestiges de onze structures en granit datant d'environ 7500 ans. Elles sont plus anciennes de quelques siècles que les alignements de pierres de Carnac, situés plus au sud, dans le Morbihan.
Ces constructions avaient toutefois déjà été découvertes auparavant: dès 2017, Yves Fouquet avait remarqué ces structures sur une carte Lidar de la région. Il avait d'abord pensé qu'il s'agissait d'une erreur sur la carte, a-t-il récemment expliqué à l'agence de presse française AFP. Il a ensuite chargé des plongeurs d'explorer les structures. Après de nombreuses investigations et une soixantaine de plongées, il a finalement été prouvé que les structures n'étaient pas d'origine naturelle, mais humaine. Yves Fouquet et ses collègues ont récemment publié un article sur cette découverte dans la revue spécialisée International Journal of Nautical Archaeology.
Monolithes
et dalles de pierre immergés
La découverte la plus importante et la mieux conservée est un mur de 120 m de
long et d'environ 2 m de haut, composé de monolithes, de dalles de pierre
dressées et de galets. Le mur s'étend d'est en ouest entre deux récifs: il descend
du côté sud et forme une pente plus douce du côté nord. Il mesure environ 20 m
de large au total. Le fait que de nombreux monolithes aient conservé leur
position verticale indique qu'ils étaient profondément ancrés dans la
structure, selon les archéologues. Cela témoigne des remarquables compétences
techniques des hommes de cette époque.
Crédit image: Article / domaine public
Coupe transversale du mur 1 : monolithes 2 : grandes dalles verticales 3 : petites dalles verticales 4 : blocs angulaires 5 : galets pour stabiliser les blocs 6 : dalles horizontales.
L'asymétrie et la largeur du mur suggèrent que ses constructeurs ont délibérément ajouté des pierres pour stabiliser son côté nord, exposé aux vagues. Les matériaux de construction ont probablement été extraits directement sur place: c'est ce que suggère la présence d'une cavité rectangulaire régulière à proximité, mesurant environ 25 m sur 10 et d'une profondeur de 7 m. Comme ses parois rocheuses présentent des fissures naturelles, les chercheurs supposent qu'il s'agit d'une carrière.
Cependant, la fonction de ces murs n'est pas tout à fait claire. Comme l'écrit l'équipe de recherche, le mur aurait pu servir à la pêche à marée basse, à l'instar d'autres barrages à poissons de la région, tous plus petits. Mais il est également possible que le mur ait servi de protection contre les vagues, comme pourraient l'indiquer sa construction asymétrique et ses fondations profondes. Il est également possible qu'il ait servi aux deux usages.