Les Jeunes-Rives de Neuchâtel se jouent de leurs anciens remblais
La nouvelle plage en gradins des Jeunes-Rives de Neuchâtel prend forme après une longue année de travaux, et le réaménagement du site va bientôt démarrer sa seconde étape. Le chantier réutilise autant que possible les matériaux de remblais qui y ont été excavés. Il préserve aussi un important parc arboré pour mieux mettre le lac aux pieds de la ville.
Crédit image: Philippe Chopard
Autrefois faite d’enrochements et de galets, la plage présente son nouveau visage avec cette structure en gradins de béton qui offre un accès élargi au lac.
Si Bienne a dû céder devant l’opposition des électeurs pour la reconversion de son ancien Arteplage d’Expo.02, à Neuchâtel les autorités ont pu engager la requalification des Jeunes-Rives après… vingt ans de gestation. Le chantier du bord du lac – sur un terrain de remblais gagné sur le lac dans les années 1960 – est en cours et en a encore pour deux ou trois ans avant d’offrir un site complet les pieds dans l’eau. Mais en ce début de période estivale, les premiers aménagements des plages se terminent et découvrent leur nouveau concept de criques avec notamment un accès à l’eau en gradins.
Les rives du lac de Neuchâtel ont vu de nouvelles constructions se développer pendant un siècle sur des terrains gagnés sur l’eau. Mais les techniques de remblayage utilisées il y a soixante ans pour créer le parking et la plage des Jeunes-Rives inquiétaient les responsables du chantier actuel. La construction récente de plusieurs édifices, comme ceux de la Faculté des lettres de l’Université ou la nouvelle station d’épuration, laissait planer le spectre d’une dépollution partielle du sous-sol. Mais il n’en a rien été comme le confirme Gaël Maradan, le chef de projet des Jeunes-Rives : « Fort heureusement, nous n’avons rien trouvé d’inquiétant en dégrappant le terrain. » Seuls quelques anciens éléments bitumineux ont révélé une pollution de faible teneur. A la place du 12-Septembre, ancienne aire de détente reconvertie en centre logistique du chantier, des substances polluantes – comme l’amiante – ont été détectées à l’arrière des anciennes constructions. Fort heureusement, sans provoquer de retard dans la planification des travaux.
Anciennes
techniques toujours d’actualité
Le remblayage du siècle dernier est donc toujours solide. Les matériaux excavés
peuvent être efficacement réutilisés sur une profondeur allant de 2 à 6 m. Le
chantier a procédé par étapes, arrachant régulièrement entre 200 et 300 m³ de
remblais pour les analyser conformément aux exigences de la législation
fédérale. Le terrain a donc été dégrappé et les matériaux entreposés à ces fins
d’analyse à la place du 12-Septembre, dont toutes les constructions en béton
composées d’une aire de jeux en plein air et de bâtiments disposés en cercle
ont été supprimées.
Faible
couverture végétale
En voulant aménager un nouveau réseau de canalisations, les responsables du
chantier ont eu la désagréable surprise de découvrir une très faible épaisseur
de terre végétale. « Cela nous a interpellés, car nous prévoyons de replanter
des arbres sur la plage pour rendre celle-ci plus ombragée », précise Gaël
Maradan. Par chance, il n’a pas été nécessaire de procéder à des abattages
excessifs sur place. Certaines essences ont toutefois été sacrifiées, car elles
étaient attaquées depuis longtemps par une sorte de champignon. « Nous
connaissions la situation depuis Expo.02, ajoute le chef de projet. Nous avons
cependant attendu que le projet de réaménagement soit voté pour intervenir. »
Enrochement
provisoire
L’ancienne plage des Jeunes-Rives était exiguë et sous-équipée. Son
réaménagement y remédie, notamment par un accès au lac étendu. Le chantier a
d’abord installé une rampe d’accès pour les engins à l’ouest du site. Les
enrochements qui préservaient les remblais des caprices du lac ont laissé la
place à des gradins rectilignes de béton et à cinq petites criques délimitées
par des pontons. Avec une plus grande surface aménagée entre le chemin longeant
la rive et l’eau. L’entreprise chargée de construire cette nouvelle plage a
commencé par créer un enrochement provisoire pour protéger sa piste de chantier
composée de matériaux plus fins. Elle a ensuite démoli la rive existante et
posé les gradins.
Crédit image: Philippe Chopard
Les nouveaux pontons sont faits de palplanches fixées à la berge.
Les pontons délimitant les criques sont faits de palplanches fixées à la rive. Ils sont recouverts d’une structure métallique et d’un revêtement en chêne. Une rampe pour personnes à mobilité réduite a été aménagée à l’est de la nouvelle plage. Cet élément de béton est agrémenté de rampes et divers éléments métalliques, pour s’avancer dans l’eau. Son concept, validé par Pro Infirmis, a déjà été appliqué sur les bords du Léman.
Les vestiaires
en cercle
Les conduites d’évacuation des eaux usées des futurs bâtiments de la nouvelle
plage – dont un restaurant qui sera construit au bord de l’eau – ont été
aménagées sous le chemin longeant l’espace de baignade. D’anciens sanitaires
ont été partiellement reconvertis en local technique pour le matériel
d’exploitation du parc. A l’est, une nouvelle dalle circulaire en béton
supporte déjà la construction de nouveaux vestiaires avec douches et sanitaires
pour les plagistes. Ce qui manquait cruellement auparavant. Ce petit bâtiment
offrira également un local pour les adeptes de paddle. Il sera achevé cet
automne.
Les futurs bâtiments de la plage seront tous construits avec une structure bois. Tout comme la nouvelle batellerie du port de plaisance à l’ouest, ouverte l’an dernier. Outre un restaurant, une vaste place de jeux et les vestiaires, le site se dotera bientôt d’un établissement de bains avec sauna. Le bord du lac aura ainsi opéré sa mue pour l’été qui arrive.
Crédit image: Philippe Chopard
Les futurs vestiaires de la plage sont construits en bois sur une dalle circulaire en béton.
La saison estivale qui débute ne marque que la première étape de la fin du réaménagement des Jeunes-Rives. Les travaux de construction vont se poursuivre dès cet automne, avec notamment la création du restaurant prévu près de la place du 12-Septembre et d’un espace de bains avec sauna à l’est. La reconversion du bord du lac franchira en parallèle un nouveau pas au plan politique, avec le vote du Conseil général pour engager la seconde étape du projet.
Adieu aux
places de parc
Le 1er janvier prochain, le parking créé il y a des décennies sera fermé pour
laisser la place à un nouvel espace de détente sans voitures. Une reconversion
majeure pour les habitudes de mobilité en ville. « Nous sommes absolument
déterminés à valoriser tous les atouts paysagers de cet espace au bord du lac,
indique l’urbaniste communal Philippe Carrard. D’autres villes nous envient nos
Jeunes-Rives, qui ont pris encore plus d’importance avec l’Arteplage d’Expo.02
et ses constructions provisoires ».
Finalement, avoir fait table rase des audaces architecturales d’Expo.02 – comme le Palais de l’Equilibre déménagé au CERN à Meyrin (GE) – s’est révélé un avantage. La page laissée blanche aux architectes-paysagistes leur a permis de faire valoir leur créativité tout en comblant de nombreuses lacunes.