Genève: le luxe gagne les Pâquis

Lancé par la société Lake Property Development, le projet 1 Gevray prévoit la création de vingt-neuf appartements de prestige, à quelques pas du lac, entre des bâtiments existants. Réparti sur huit étages, le complexe contemporain a été imaginé par trois bureaux d’architectes suisses et étrangers.

Par Emilie Veillon

A quelques dizaines de mètres des grands hôtels de luxe de la rive droite genevoise, la Rue Abraham-Gevray se situe dans un quartier en pleine évolution. Le numéro 1 sera d’ici à 2013 le plus représentatif de ce dynamisme urbain. En effet, la société suisse d’investissement immobilier Lake Property Development est en train de bâtir une résidence d’exception sur les ruines de l’ancien hôtel California et le bâtiment commercial attenant. Commercialisé par la régie CGi Immobilier, le futur complexe de huit étages accueillera vingt-sept appartements en PPE d’une surface de 74 à 491 m2 et douze objets en location LDTR. Dans la logique des résidences exclusives en plein développement en Suisse, un service de conciergerie fonctionnera 24 heures sur 24 et un garage souterrain parfaitement sécurisé sera doté d’un accès direct à chaque appartement.

Façades animées

Le site se situe entre deux bâtiments adjacents. Le futur bâtiment devait donc s’implanter entre deux parcellaires existants. « Nous avons respecté la morphologie d’origine, notamment les trois cages d’escaliers, tout en misant sur une typologie exceptionnelle des appartements et une expression forte des façades », explique Bernard Mocellin architecte fondateur du bureau carougeois BMS Architectes qui a collaboré pour ce projet avec JSK International à Berlin et Piero LISSONI de Milan. Le concept architectural a été guidé par le principe d’amener un maximum de lumière dans ces appartements citadins, tout en conservant la présence de la cour intérieure proposée par l’ancienne implantation. Pour garantir un maximum de clarté, la partie jour des appartements prend place côté rue Gevray, tandis que les chambres à coucher se situent du côté de la cour intérieure. La façade donnant sur la rue Gevray est habillée d’éléments hétéroclites alternant parois vitrées coulissantes et volets escamotables en soufflet d’accordéon. « Ils se replient de part et d’autres, au gré des besoins, affirmant ainsi l’esthétique résolument contemporaine de l’édifice. De plus, des excroissances sur les étages supérieurs du bâtiment rompent la linéarité de la façade et expriment les doubles hauteurs des appartements en duplex », note l’architecte Bernard Mocellin.

Maître de l’élégance et du luxe italien, le célèbre bureau milanais Lissoni Associati a aussi conçu l’architecture intérieure des appartements, les espaces communs de réception ainsi que les patios et jardins. Les futurs propriétaires pourront choisir le type de finitions parmi trois thèmes axés autour d’une sélection de matériaux de qualité supérieure: pierres naturelles, bois nobles, cuisines et salles de bains de luxe.

Sondes à 300 m

Le bâtiment bénéficiera d’un système de chauffage et de ventilation à la pointe de la technologie. Les ingénieurs de Weinmann-Energies SA ont développé le concept énergétique proposé initialement par le bureau berlinois JSK International. Ce dernier mise sur une production de chaleur à l’aide d’une pompe à chaleur permettant de produire, si nécessaire, simultanément du chaud et du froid par le biais de dix huit sondes géothermiques. Une chaudière à gaz de secours fait office d’appoint en cas de panne. « Etant donné que nous avions peu de surface disponible pour réaliser notre champ de sonde, nous avons dû forer à 300 mètres de profondeur. C’est l’une des plus profondes du canton de Genève. Nous avons fait un test de réponse afin de dimensionner le champ de sonde sur cette base là », relate Philippe Clerc, directeur adjoint du bureau d’ingénieurs-conseils CVS-MCR basé à Echallens. Pour assurer un climat chauffé en hiver et tempéré en été à la hauteur du standing des appartements, les ingénieurs ont misé sur un système de régulation sophistiqué pour permettre un réglage de la température par pièce. La pompe à chaleur assurera 70% des besoins. Le reste de l’énergie proviendra, à parts égales, de panneaux solaires thermiques et de la chaudière en gaz.

Pelles hydrauliques

En raison du site complexe, coincé entre deux bâtiments et une rue qui devait rester ouverte à la circulation, l’entreprise Orllati SA a fait appel à des pelles hydrauliques spéciales pour les travaux de démolition des deux immeubles existants. « Nous devions minimiser au maximum les désagréments liés au bruit, à la poussière et aux risques d’éboulement », se souvient Laurent Pellegrino, chef du chantier de démolition et directeur de l’antenne genevoise de l’entreprise de travaux publics vaudoise Orllati SA, propriétaire des deux machines, l’une de 45 tonnes et l’autre de 90 tonnes. Fabriquées au Japon et assemblés en Grande-Bretagne, ces appareils de la marque Hitachi, modèle 670 spécialement modifié pour la démolition, sont composés d’une cabine sur chenilles, d’un bras interchangeable et une pince croqueuse,. Une troisième pelle était chargée de récupérer les agrégats et de les charger dans le camion stocké sur la rue. En raison de la fragilité des murs périphériques du sous-sol et de la dalle, il était impossible de déplacer les machines sur le site. Les deux pelles ont donc été placées de chaque côté des bâtiments afin qu’elles les grignotent de haut en bas au fur et à mesure de l’avancement. « Avec ces pelles spéciales, le travail est trois fois plus rapide environ qu’avec des engins classiques. Après les travaux préparatoires, nous avons mis environ deux mois à détruire complètement les deux bâtiments. Le système de croque permet par ailleurs un meilleur tri des gravats, entre le béton et la ferraille, à destination du recyclage ou la décharge », conclut le spécialiste.

Travaux spéciaux

En raison des qualités médiocres du terrain gorgé d’eau, à quelques dizaines de mètres du lac, les ingénieurs civils de ESM Group, à Genève, ont misé sur une structure porteuse en béton, avec pilier dalle côté rue et mur porteur et dalle côté cour intérieure. Le bâtiment repose ainsi sur 60 pieux forés à 40 mètres. En raison de la présence des fondations de deux bâtiments adjacents et d’une rue, différents travaux spéciaux ont été réalisés par Implenia Construction SA avant la phase de terrassement. « Nous avons monté au printemps dernier une enceinte de fouille et une paroi moulée sur l’ensemble de la parcelle », précise Marc Petitot, en charge du projet. Le gros-œuvre devrait démarrer cet automne.

Les intervenants