Pour le climat, construire en bois devient impératif
Les atouts climatiques du bois dans la construction en font un matériau très prisé en Suisse. Les écoquartiers, écoles, théâtres et immeubles en bois se multiplient.
Dans nos belles montagnes, on trouve des maisons en bois vieilles de plusieurs siècles. La plus ancienne de Suisse et d’Europe, datée de 1176, se trouve dans le canton de Schwyz. La longévité du matériau est d’autant plus convaincante que les progrès techniques de construction en bois évoluent. La plus importante des mesures à prendre concernant la durée de vie des constructions en bois reste une réalisation effectuée dans les règles de l’art. Le système constructif de l'ossature bois est la technique la plus répandue, elle consiste à ériger une trame régulière et faiblement espacée, de pièces verticales en bois de petites sections appelées « montants », et de pièces horizontales hautes, basses et médianes appelées «traverses » et « entretoises ».
L'ossature bois et ses parements régionaux
Outre son esthétique contemporaine et plurielle, la légèreté et la rapidité de mise en œuvre de l'ossature bois permet une large expression architecturale tant dans les formes que dans l'aspect : tous les revêtements extérieurs sont possibles. L'ossature bois peut recevoir de nombreux types de parements : bardage, briques, pierre, béton, et s'inscrire ainsi dans la tradition de paysages, des climats et des patrimoines régionaux. Il existe plusieurs procédés de construction en bois : panneau porteur, poteau-poutre, colombage ou bois massif empilé. Cette grande variété de procédés de construction en bois permet de répondre aux spécificités de chaque projet, tant sur la question de l’aspect, moderne ou traditionnel, que des volumes et ouvertures, tout en s’adaptant aux contraintes de site et à l’enveloppe financière.
Un confort intérieur amélioré
Les murs en ossature bois sont de faible épaisseur (20 cm environ). Ils offrent ainsi plus de surface habitable, environ 8% de plus qu’une construction en béton, pour un confort thermique optimum. De plus, la nature respirante du matériau régule l'hygrométrie ambiante et sa faible inertie permet une chauffe rapide. Il existe une lame d'air entre parements et ossature et l'isolation réside dans l'épaisseur des montants. Une construction en bois ne connait pas de ponts thermiques (soit 30% des pertes de chaleur en construction traditionnelle).
Plus rapide, plus rentable
L'ossature supporte les planchers et la toiture, un voile constitué de panneaux dérivé du bois (panneau de particules, de contreplaqué ou d'OSB) est fixé sur cette ossature pour assurer le contreventement. Un isolant thermique est inséré entre les panneaux que recouvrent les parements intérieurs et extérieurs. Les éléments préfabriqués en bois, en atelier, permettent d'être plus efficace vis-à-vis du temps, de la main-d'œuvre, de l'organisation. Dans une logique économique, cela permet d'être plus compétitif et plus qualitatif. Avec le système de construction bois actuel, les éléments utilisés sont secs dès le début des travaux.
Fort contre le feu
Contrairement aux idées reçues, le feu fait fondre l'acier des structures traditionnelles qui s’effondrent plus vite que dans une construction en bois. La protection contre l’incendie est chronométrée. D’après l’Association des établissements cantonaux d’assurance incendie (AEAI), une structure porteuse doit pouvoir, selon les exigences, résister au feu durant 30, 60 ou même 90 minutes. Le bois permet cela. «En effet, le bois résiste fort bien au feu car il se consume lentement et régulièrement à un rythme prévisible. Sa résistance et sa stabilité sont assurées longtemps en cas d’incendie», assure Stéphanie Overbeck, architecte fondatrice du bureau ZO2 à Lausanne. «Quel que soit le type de construction, qu’il s’agisse de construction en bois ou de construction massive, la fumée toxique due à l’aménagement intérieur représente généralement le plus grand problème lors d’un incendie (câbles, matières synthétiques et textiles de tous genres).»
Traitement du bois
Il n'est pas possible aujourd'hui de réaliser des constructions en bois sans traiter le bois. Mais, en général, les bâtiments dans d’autres matériaux nécessitent aussi des ravalements. Même s’il existe encore des traitements chimiques par injection de produits en autoclave sous pression, toxiques, les constructeurs utilisent, heureusement, principalement des traitements naturels comme le sel de bore, la solution traditionnelle écologique pour protéger uniquement les bois neufs. Pour les bois plus durs ou le traitement des bois anciens ou déjà attaqués, l’insecticide bio BIOROX à base d’huile de géraniol,est une bonne alternative.
Bois brut sans entretien
Le bois brut qui devient grisé avec le temps, comme sur les chalets d’autrefois, ne nécessite pas ou peu d’entretien, contrairement à d’autres revêtements qu’il faut ravaler. «Pour garantir une teinte plus uniforme on peut avoir recours à une imprégnation hydrofuge et à pores ouverts, diluable à l’eau. Une lasure à effet vieilli permet en plus d’adopter dès le départ une teinte grise uniforme qui donne au bâtiment un bel aspect naturellement vieilli par le temps, le traitement de prégrisaillement», propose Stéphanie Overbeck. «Le bois est la seule matière première de la construction qui est renouvelable, recyclable et qui permet de diminuer la production de Co2. Utiliser le bois dans la construction permet de fixer le CO2 durant toute la durée de vie du bâtiment. Pour : 1 m3 de bois utilisé, c’est 1 tonne de CO2 stocké.»