L’Empa radiographie le dioxyde de carbone libéré en ville de Zurich
Le Laboratoire fédéral de recherches sur les matériaux propose une nouvelle modélisation de la mesure des émissions de gaz à effet de serre. Trois ans de tests par capteurs disposés en hauteur ont montré que les inventaires communément utilisés pouvaient être encore affinés.
Crédit image: Pekka Pelkonen / ICOS RI
Sur le toit d'un immeuble de grande hauteur à Hardau, des mesures de haute précision enregistrent la concentration de divers gaz à effet de serre et leurs flux complexes.
Les stratèges de la lutte contre le réchauffement climatique en milieu urbain en conviendront. Ils manquent encore de méthodologie fiable pour évaluer précisément l’intensité des émissions de dioxyde de carbone. Le Laboratoire fédéral de recherches sur les matériaux (Empa) vient à leur secours en privilégiant l’observation directe. Avec comme terrain d’expérience, la ville de Zurich.
Crédit image: ICOS, Empa
Les chercheurs de Dübendorf ont relevé d’abord que les objectifs de neutralité carbone ne reposent en fait que sur des inventaires d’émissions de gaz à effet de serre. Pour Zurich, l’horizon reste fixé à 2040, mais les moyens techniques manquaient. D’où les expériences de l’Empa, basée sur l’installation de capteurs permanents et le cours à des modèles d’évaluation complexes.
60
sites sélectionnés
Pour la première fois, la mesure des émissions de dioxyde de carbone est
distincte de celles des gaz à effet de serre en ville de Zurich. Cela permet de
déterminer plus précisément leur impact visible sur le réchauffement climatique,
affirme l’Empa. Depuis trois ans, des capteurs placés à 60 endroits du territoire
urbain zurichois enregistrent en continu les échanges entre la ville et l’atmosphère.
Ces appareils sont tantôt accrochés aux arbres ou aux lampadaires, tantôt
disposés sur des antennes de téléphonie mobile. L’Université de Bâle a même
installé un système de mesure spéciale sur un immeuble de grande hauteur. Chacun
de ces capteurs enregistre les émissions environ 10 fois par seconde.
Un système
encore perfectible
Des années d’observation débouchent aujourd’hui sur une modélisation numérique,
comparable à celui qui régit les prévisions de Météosuisse. L’Empa doit encore
généraliser l’exploitation des données de ces capteurs à l’ensemble du territoire
urbain. La mesure directe ne donne en effet que des résultats partiels, même si
plus les capteurs sont installés en hauteur, plus l’intensité de la libération
des émissions de dioxyde de carbone peut être évaluée. Les chercheurs sont d’avis
que les mesures par inventaire, traditionnellement utilisées, surestiment légèrement
le problème.
Les
autorités locales rassurées
La ville de Zurich est très avancée en Europe dans ce domaine. Elle sépare ses
émissions par secteur d’activité (comme l’industrie, les transports et la
végétation), et par zone géographique. Les valeurs collectées par l’Empa dans le
cadre d’un programme européen se rapprochent du bilan climatique établi par les
autorités locales, se réjouissent celles-ci. Ne reste plus qu’à affiner l’analyse
en appliquant la nouvelle méthode.