Genève veut valoriser Le Corbusier par l’achat d’un logement

L’Unesco impose, la Ville dispose. Un appartement de l’immeuble Clarté, est pressenti pour la création d’un espace muséal montrant la vision du célèbre architecte chaux-de-fonnier. Ce qui permettra aux autorités de remplir des exigences patrimoniales élevées.

Crédit image: Fondation Clarté, Merlini

L’immeuble a traversé le siècle dernier tout en restant fidèle à sa ligne architecturale d’origine.

La Cité de Calvin entend célébrer et promouvoir ses atouts patrimoniaux, mais ne peut le faire sans s’engager activement. Pour cela, ses autorités veulent faire usage de leur droit de préemption pour acheter un appartement de l’immeuble Clarté, témoin prestigieux d’une architecture inspirée par les visions de modernité du Corbusier. Il s’agit d’ouvrir une partie de l’immeuble au public et de répondre à de nombreuses sollicitations pour des visites.

Prestige et devoirs
Connu loin à la ronde, cet immeuble a été inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Si le prestige de cette distinction est indéniable, il ne s’accompagne pas moins de contraintes et de devoirs. L’Unesco impose notamment un plan de gestion pour les biens qu’il a classés. Les intentions de la Ville de Genève s’inscrivent dans ce cadre.

Créer un espace muséal
Genève veut ainsi aménager un appartement traversant dans cet immeuble. Le logement de 5 pièces et demie sera doté de mobilier datant des années 1930. Le Corbusier y voyait un symbole de la modernité de son époque. L’appartement serait conçu dès lors comme un espace muséal, dans le respect du règlement de copropriété que l’immeuble Clarté a établi.

Une histoire mouvementée
L’immeuble a été construit au début des années 1930, avec un couloir central alignant les balcons de ses deux façades longitudinales. Ses architectes avaient fait parler toute leur science pour contourner les obstacles de gabarits trop hauts pour la législation de son époque. Sur le dernier niveau, ils avaient notamment installé des ateliers d’artistes transformables en appartements. Le bâtiment a été rénové dans les années 1950 et 1970. Le canton de Genève l’a classé comme monument historique en 1986 et l’a restauré partiellement au début des années 2010. Avant son inscription à l’Unesco.