Les châteaux de la Loire subissent les affronts du temps mauvais
Les châteaux de la Loire sont les victimes directes du changement climatique avec les crues et baisses des niveaux des rivières, l'invasion d'algues et la fragilisation des fondations. La préservation de ces trésors historiques nécessite une mobilisation nationale face aux défis environnementaux.

Crédit image: Wikimedia Commons – Lieven Smits – œuvre personnelle, CC BY-SA 3.0.
Une sécheresse extrême suivie de fortes pluies ont fortement endommagé la structure du château de Chenonceau.
Depuis des siècles, les châteaux de la Loire défient les affronts du temps. Mais les temps changent. Mauvais temps, temps caniculaire, ce patrimoine architectural unique est menacé par le changement climatique. Les fondations sont mises à mal par les excès météo, les douves sont envahies par les algues et les magnifiques jardins dépérissent sous l'effet des sécheresses répétées.
A titre d'exemple le château de Chenonceau est construit sur un pont à plusieurs arches enjambant le Cher, un affluent de la Loire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la frontière entre la France de Vichy et la zone libre se trouvait au milieu du fleuve et donc au milieu du château, qui était souvent utilisé comme voie d'évasion. En raison de son emplacement inhabituel au-dessus de la rivière, il est considéré comme particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique.
Fondations menacées
Le niveau d'eau du Cher a considérablement baissé à plusieurs reprises ces dernières années en raison de périodes de sécheresse prolongées. Alternativement exposés à l'air et à l'eau, les pieux en bois utilisés pour les fondations menacent de pourrir plus rapidement.

Crédit image: Wikimedia Commons - Martin Falbisoner – œuvre personnelle, CC BY-SA 3.0.
Un pan du château d'Amboise, où Léonard de Vinci passa ses dernières années, a menacé de s'effondrer sur la ville début février. Des évacuations d'habitants ont été nécessaires. Des travaux pour plus de 2,5 millions de francs ont permis de stabiliser la situation.
Le château Renaissance d'Azay-le-Rideau, l'un des plus
célèbres de la région, a quant à lui été construit sur un îlot artificiel formé
de pieux de chêne ancrés dans la rivière Indre. Là aussi, les périodes de chaleur
croissantes et la baisse du niveau de l'eau sont préoccupantes, car elles
favorisent la prolifération d'algues envahissantes. Auparavant, les jardiniers nettoyaient le plan d'eau une fois par mois, désormais ils le font toutes les semaines.
Plantes plus adaptées
L'inventivité est également nécessaire pour l'entretien des jardins. Le parc du
château, aménagé au XIXe siècle, abrite de nombreuses plantes et arbres qui
supportent mal les changements climatiques. Les jardiniers s'efforcent
désormais de remplacer certaines plantes par des espèces plus résistantes et moins voraces en eau, sans
pour autant modifier le caractère du jardin.
Risques d'éboulement
A Amboise, où l'artiste italien Léonard de Vinci a passé ses dernières années,
de nombreuses maisons de la ville ont dû être évacuées au début de l'année. Après de très fortes pluies, un pan du
célèbre château menaçait de s'effondrer et d'entraîner entre 6000 et 9000 tonnes de terre. Une
cinquantaine d'habitants ont dû être relogés ailleurs et n'ont pu regagner leurs
maisons qu'en juin.

Crédit image: Wikimedia Commons – Manfred Heyde – œuvre personnelle, CC BY-SA 3.0
Le château d'Azay-le-Rideau a été construit à l'origine sur une île artificielle faite de pieux de chêne dans la rivière Indre. Les algues envahissent le plan d'eau et doivent être évacuées toutes les semaines.
Les travaux de consolidation ont coûté plus de 2,6 millions de francs. La seule solution pour préserver le Val de Loire, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, passe sans doute par la réunion d'experts, de politiciens et de mécènes afin de développer ensemble des solutions. Ainsi, le paysage fluvial et les châteaux français pourraient être préservés pour les générations futures malgré le changement climatique. (Stefan Schmid).