15:03 DIVERS

Shanghai stimule l’économie circulaire par la gestion de ses déchets

Teaserbild-Quelle: V2com, Derryck Menere

La mégapole chinoise inaugure un Centre de valorisation énergétique des déchets après avoir transformé un ancien site industriel en infrastructure durable. Alliant incinération et digestion anaérobie, ce projet innovant produit de l’énergie tout en sensibilisant le public à l’économie circulaire grâce à un musée et un parc éducatif. 

 

Vue aérienne du Centre de valorisation énergétique de Baoshan, où un parc de 4 ha couronne une installation de valorisation des déchets ultramoderne.

Crédit image: V2com, Derryck Menere

Le centre prend place dans un parc totalement réaménagé à partir d’une friche industrielle.

Shanghai franchit une étape décisive vers une infrastructure durable de gestion des déchets avec l’inauguration du nouveau Centre de valorisation énergétique des déchets de Baoshan, sa dernière centrale électrique alimentée par des déchets ménagers. Ancien site d’un haut-fourneau au charbon, l’installation joue désormais un rôle crucial dans la stratégie de réduction des émissions de carbone de la ville. En remplaçant l’ancienne industrie et en détournant les déchets des décharges — l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre — le centre permet d’éviter chaque année plus de 3 millions de tonnes d’émissions de dioxyde de carbone. Conçu par Ballistic Architecture Machine (BAM), ce nouveau type d’installation marque une étape significative vers une économie circulaire, démontrant comment les infrastructures de gestion des déchets peuvent devenir des repères urbains durables.

Ascenseur industriel reliant la passerelle surélevée au parc sur le toit du Musée des déchets.

Crédit image: V2com, Derryck Menere.

Un ascenseur industriel relie une passerelle surélevée au parc sur le toit du Musée des déchets de la mégapole chinoise.

Ce complexe de 128'000 m² comprend deux types de traitement des déchets: une unité d’incinération générant de l’électricité et une unité de digestion anaérobie produisant du biogaz. Au maximum de sa capacité, l’incinérateur à quatre lignes traite quotidiennement 3000 t métriques. En parallèle, l’unité de digestion anaérobie transforme plus de 8000 t métriques de déchets humides par jour. Pour la conception de cette installation d’envergure, BAM s’éloigne volontairement du paradigme du « hangar décoré », courant dans les infrastructures industrielles modernes. A la place, l’équipe adopte une approche de camouflage combinant l’architecture et le paysage avec une programmation publique incluant une visite immersive de l’usine, un musée des déchets et divers espaces récréatifs. Ce qui aurait pu devenir un site industriel monolithique est transformé en destination éducative dynamique et en un nouveau type de repère urbain, à la frontière entre paysage et architecture.

La lumière du soleil filtre à travers la façade perforée, conçue pour assurer la circulation de l’air vers les installations industrielles intérieures.

Crédit image: V2com, Derryck Menere.

La lumière du soleil filtre à travers la façade perforée, conçue pour assurer la circulation de l’air vers les installations industrielles intérieures.

Contrairement à d’autres projets de gestion des déchets qui mettent souvent exclusivement l’accent sur l’architecture, la conception de BAM englobe l’ensemble du site, intégrant bâtiment et paysage environnant. BAM façonne la volumétrie du bâtiment sous forme de montagne, tandis que la façade évoque visuellement des strates géologiques. Le toit comporte de larges ouvertures répondant aux exigences de sécurité incendie, créant ainsi une architecture perméable, semblable à une coque ouverte plutôt qu’à un bâtiment traditionnel lorsqu’on l’expérimente de près et de l’intérieur. Ceci contraste fortement avec la présence imposante du bâtiment vu de loin. Plutôt que de s’imposer dans le paysage, le bâtiment se fond dans l’environnement grâce à des ouvertures et des perforations atténuant son caractère monumental.

Un parc paysager de 10 ha sur le toit renforce cette intégration en proposant un espace vert destiné aux loisirs, à l’éducation et aux interactions publiques, tout en dissimulant les fonctions industrielles en dessous. Cette approche aboutit à une typologie architecturale inhabituelle où les frontières entre architecture et paysage deviennent ambiguës.

Place d’accueil du Musée des déchets, où des volumes de « mini-ville » sont intégrés à la façade industrielle.

Crédit image: V2com, Derryck Menere

Des volumes de « mini-ville » sont intégrés à la façade industrielle.

A l’entrée réservée aux visiteurs, des structures aux motifs variés émergent de façon ludique de la façade, formant une « mini-ville », complexe dynamique d’espaces d’exposition et de loisirs. Le point fort de cette zone est le Musée des déchets, expérience immersive guidant les visiteurs à travers le processus de valorisation énergétique des déchets (WTE).

Eveiller les consciences
Le Musée du site accompagne les enfants et le public à travers « l’Histoire des déchets » grâce à une série d’espaces thématiques. Ces environnements immersifs permettent aux visiteurs d’abandonner manuels et cours traditionnels pour voyager dans le temps, rencontrant les dinosaures, la naissance des combustibles fossiles, la révolution industrielle et les inventions révolutionnaires des plastiques et des semi-conducteurs. A mesure qu’ils progressent dans l’exposition, ils prennent progressivement conscience de l’ampleur du problème des déchets tout en étant inspirés à réfléchir à leur propre rôle dans sa résolution.

Poursuivant le parcours, le hall d’expérience WTE offre un aperçu détaillé des principales étapes du traitement des déchets, notamment les opérations des grues, les fonctions de la salle de contrôle, l’incinération, la filtration et la salle des turbines. Dans cette dernière, une expérience cinéma 4D anime le récit de « l’Histoire des déchets », donnant vie aux rouages internes de l’installation. La visite culmine avec le parc paysager de 10 hectares sur le toit, proposant un dernier aperçu des installations à travers les ouvertures semblables à des canyons dans la toiture.

 

Infographie montrant la réduction annuelle des émissions de carbone, passant de l’ancienne aciérie et des décharges (3,5 Mt CO₂) à la nouvelle installation de valorisation énergétique et au paysage vert (124 kt CO₂).

Crédit image: V2com, BAM.

Les émissions annuelles de dioxyde de carbone sont réduites de 3,5 Mt CO₂) à 124 kt CO₂.

Le Centre de valorisation énergétique des déchets de Baoshan représente une avancée novatrice dans la gestion des déchets en intégrant à la fois l’incinération pour la production d’énergie et la digestion anaérobie. Cette combinaison permet un traitement efficace des déchets, convertissant les matières organiques en biogaz utilisé pour diverses applications, tandis que les déchets non organiques sont incinérés pour produire de l’électricité. Cette double approche optimise la récupération d’énergie tout en soutenant les principes d’une économie circulaire, maximisant l’utilisation des ressources et minimisant les déchets. Bien que l’intégration de ressources supplémentaires (telles que l’entretien d’un parc en toiture) puisse être complexe au regard des normes actuelles de durabilité, la vision de BAM est de positionner ce projet comme un prototype de transition. Il constitue une étape expérimentale vers l’intégration d’installations industrielles au cœur des espaces urbains, préparant le terrain pour les technologies vertes futures et contribuant à l’objectif à long terme de Shanghai d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060.

L’intégration d’infrastructures de gestion des déchets sûres et propres au cœur des villes est essentielle pour impulser un changement de paradigme. Cela nécessite de modifier les perceptions publiques pour surmonter la résistance sociale du « pas dans mon jardin » (NIMBY). L’objectif ultime est la transition vers une économie circulaire où la technologie WTE deviendra obsolète et où le bâtiment évoluera en espace civique. Ainsi, le projet de Baoshan n’est pas simplement un bâtiment, mais un repère urbain qui transforme les déchets en énergie et redéfinit les perceptions sociales associées aux déchets.

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