L’EPFL appelle à trouver de nouveaux débouchés aux barrages alpins
Devant le recul des glaciers, l’eau des lacs de retenue se fera rare, et les la production hydroélectrique risque d’être fortement réduite. Un chercheur voit une solution dans la diversification des activités des exploitants de la force hydraulique. Il s’agit d’en revaloriser les atouts économiques.
Crédit image: Christoph Hurni, CC_BY-SA_2.0
Le barrage valaisan de Gries ne sera plus alimenté par son glacier d’ici 2070. Il doit cependant survivre.
Les grandes entreprises énergétiques de Suisse tirent de plus en plus parti de la force hydraulique alpine pour basculer vers le renouvelable. Un chercheur de l’EPFL enfonce le clou en montrant que le développement de l’activité des barrages est pourtant complexe. Le climat vient en effet s’inviter dans le débat, en révélant le risque de manque de ressources en eau pour faire tourner les turbines.
Une
dépendance en amont
Si l’éolien et le solaire rencontre souvent des difficultés à développer leurs
parc respectifs – notamment en Suisse romande, l’hydraulique dépend avant tout de
ses ressources en amont. La raréfaction de la neige, le recul des glaciers, la sécheresse
en été et la hausse de la pluviométrie hivernale pèsent négativement sur la
valeur économique de l’eau retenue en amont des barrages, indique l’EPFL.
Le
pire est déjà là
L’ingénieur civil Giovanni di Cesare a donc étudié comment revaloriser les
atouts économiques de l’exploitation des retenues alpines, en se reposant sur
le barrage de Gries, à proximité du col du Nufenen (VS). La production d’électricité
par turbinage doit de ce fait trouver de nouveaux moyens et ressources, conclut-il.
Le barrage étudié doit pouvoir survivre à la disparition à l’horizon 2070 du
glacier qui l’alimente. Avec un apport énergétique réduit de 30%, estime encore
l’étude.
Rénovation,
voire surélévation
L’EPFL rappelle que la législation impose aux 220 barrages existant en Suisse d’être
fonctionnels et sûrs pour voir leur concession renouvelée. Les retenues doivent
pour ce faire être rénovées ou parfois rehaussées. Les sédiments qui s’accumulent
dans les lacs artificiels doivent être régulièrement dégrappés. Le glacier de
Gries libère en effet de la moraine qui forme un delta. Ce qui altère le
fonctionnement des installations hydrauliques.
Trouver
l’usage juste
Le changement climatique est aussi pavé d’incertitudes, même s’il pourrait à terme
remettre en question la production hydroélectrique. Giovanni di Cesare estime
que les exploitants sont encore trop lents à réagir. Il s’agit de trouver une
meilleure utilisation de l’eau des barrages, notamment pour la production d’électricité,
la protection de la biodiversité, l’agriculture, l’industrie, l’approvisionnement
des ménages ou la recharge des nappes phréatiques. Un avenir multifonctionnel
pour nos retenues alpines !