Quand Genève redessine sa campagne à Plan-les-Ouates
Les dernières terres agricoles du canton de Genève cèdent la place à une zone résidentielle dense. A terme, 3800 logements, 10’000 habitants, 2500 emplois et toutes les infrastructures qui les accompagnent vont prendre place sur une zone de 58 ha. La première étape avec la construction du quartier du Rolliet et sa vingtaine d’immeubles a démarré. L’école primaire, première pierre de cette urbanisation, est déjà sortie de terre et accompagnera le développement du nouveau quartier d’habitation.

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Des grues, des engins de chantier, des camions, de la poussière… A coups de butoir, la campagne genevoise se transforme en ville à Plan-les-Ouates. Le projet d’une génération est en train de voir le jour au Rolliet, la première étape de l’imposant programme des Cherpines.
Ce nouveau quartier des Cherpines, qui transmute les dernières terres agricoles de Genève, a été approuvé par référendum en 2011. Le projet prévoyait à l’origine quelque 3000 appartements, il en a ajouté 800 par la suite. Outre le logement, le programme fait la part belle à une zone sportive, une zone industrielle et artisanale, une école et d’innombrables équipements publics. Sur 58 ha, à cheval sur les communes de Plan-les-Ouates et de Confignon (dont certains habitants résistent), cette petite ville accueillera quelque 10 000 habitants et 2500 emplois d’ici une dizaine d’années.
La première étape d’urbanisation qui se concentre sur le Rolliet est en pleine effervescence. Le chantier concerne une vingtaine d’immeubles. Six maîtres d’ouvrages différents, dont la commune de Plan-les-Ouates, des fondations et coopératives et des développeurs privés, vont livrer un millier de logements à l’horizon 2027-2028.
Les édifices vont du R+3 au R+9, avec une majorité de R+5 et R+6. Bonus de droit à bâtir. « Les logements sont répartis en trois catégories, explique Yann Gaillard, responsable du Service construction et aménagement du territoire de Plan-les-Ouates. Il y a 20 % de PPE, 45% de locatif et 35 % de loyers subventionnés. Nous avons été très attentifs à la qualité de vie des futurs habitants. Un bonus de droit à bâtir de 5 % a été accordé par le Canton, si les promoteurs amélioraient la vie de quartier en construisant des locaux en rez-de-chaussée qui seront gérés par une coopérative de quartier et qui accueilleront notamment des crèches, une épicerie solidaire, un réparateur de vélo… Ces activités, si elles n’offrent que peu de valeur ajoutée économique, contribuent à une très forte valeur ajoutée sociale. »

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La première étape d’urbanisation qui se concentre sur le Rolliet est en pleine effervescence. Le quartier comptera une vingtaine d’immeubles répartis sur une dizaine d’îlots.
L'architecture du Rolliet veut se caractériser par une diversité de formes et de matériaux, reflétant la volonté de créer un quartier vivant et varié. Les bâtiments sont principalement imaginés en béton et bois, avec des façades animées par des éléments tels que des balcons, des loggias et des jeux de volumes. Les matériaux utilisés, tels que le bois, le métal et le verre, doivent apporter une touche de modernité tout en s'intégrant dans le paysage urbain. Les toitures seront souvent végétalisées ou aménagées en terrasses accessibles, offrant ainsi des espaces supplémentaires pour les habitants et contribuant à la qualité esthétique du quartier.
L’école sort de
terre
Alors que les îlots d’habitation sont encore dans la phase des fondations, un
premier bâtiment est déjà sorti de terre : l'école du Rolliet, dont la
construction a démarré en juillet 2023, est conçue pour accueillir jusqu'à 320
élèves, répartis sur 16 classes destinées aux enfants âgés de 4 à 12 ans. Le
complexe s'organise sur deux niveaux : l'étage abrite les salles de classe et
leurs annexes, tandis que le rez-de-chaussée comprend les bureaux
administratifs, un secteur parascolaire, un espace pour les sociétés locales,
un restaurant scolaire et une salle polyvalente. Cette dernière, modulable,
peut accueillir jusqu'à 200 personnes assises et est conçue pour être ouverte
sur le restaurant scolaire, permettant ainsi l'organisation de divers
événements communautaires.

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L’école du Rolliet dont le coût est estimé à 52 millions de francs, doit être achevé au printemps 2026. Le chantier a débuté au deuxième semestre 2023. L’établissement scolaire fait la part belle au bois et à la lumière naturelle.
Ce bâtiment érigé à l’est du quartier du Rolliet permet, grâce à son faible gabarit, une transition avec la zone villa déjà existante. En effet, l’école compose intelligemment avec les ruptures d’échelle du site en ne s’inscrivant que sur 2 niveaux, un rez-de-chaussée et un étage. Le sous-sol est bien sûr en béton, avec une dalle mixte bois-béton et une ossature bois. Des renforts par contreventement sont installés au niveau des escaliers.

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Semi-enterrée, la salle de sports du complexe scolaire – de type double B – offre une capacité maximale de 240 personnes. Elle se caractérise en son sommet par un mur de béton d’une portée de 45 m. 320 élèves de 4 à 12 ans emprunteront la vaste entrée principale dès la rentrée scolaire 2026.
L’école est construite en suivant le standard THPE (très haute performance énergétique). « La toiture combine végétalisation, rétention des eaux et couverture photovoltaïque, précise Yann Gaillard. L’école autoconsommera l’énergie produite par ses panneaux et transmettra le surplus au réseau pour participer à l’effort de production d’énergie solaire. Dès 2026, le bâtiment sera raccordé au CAD (chauffage à distance) rive gauche avec une production de chaleur 100 % renouvelable. »
Le préau intérieur, intimiste, se présente comme un cloître. Au sol, un labyrinthe, œuvre d’art réalisée de l’artiste Carmen Perrin, sera dessiné à l’aide de briques posées à joint ouvert. Cette cour d’école sera protégée par une canopée grâce à la plantation d’arbres à hautes tiges qui se densifieront au fur et à mesure du temps.
Une piscine
olympique
L’établissement scolaire, dont le coût est estimé à 52 millions de francs, doit
être achevé au printemps 2026 et mis en service pour la rentrée scolaire
suivante, fin août. L’année d’après, le chantier du futur centre sportif et
culturel des Cherpines démarrera. Cette infrastructure comprendra notamment une
piscine olympique de 50 m couverte, un espace extérieur, une patinoire de 30 ×
60 m ainsi qu’un centre quatre raquettes avec des terrains de badminton, de
tennis, de squash et de padel. Une salle polyvalente de 1200 places ainsi qu'un
fitness et un mur de grimpe sont également au programme. Ce complexe est devisé
à 250 millions, avec de premières inaugurations espérées pour 2030. Une salle
de musiques actuelles est encore imaginée vers 2035.

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Le quartier du Rolliet est en plein bassin de l’Aire. Ce qui a provoqué de mauvaises surprises. Certains édifices ont eu des soucis lors des forages par refoulement: des sous-radiers se sont soulevés et des buttons se sont dévissés.
Si le chantier du Rolliet bat désormais son plein, il n’a pas pour autant été de tout repos et a été confronté à des soucis liés à la nature même du sol. « Le sous-sol est particulièrement hétérogène, confirme Yann Gaillard. Cette zone marécageuse a été drainée il y a un siècle. Mais avec du sable, du limon ou de l’argile, ce n’est pas le sol rêvé. Nous sommes dans le bassin de l’Aire et tous les édifices doivent être conçus de manière conserver les mouvements et la circulation de la nappe hydraulique. Mais malgré toutes les études et précautions prises, quand on creuse dans la nappe, il y a parfois des remontées ailleurs dans le quartier. Certains édifices ont eu des soucis lors des forages par refoulement. On a assisté à des sous-radiers des bâtiments voisins qui se sont soulevés et des buttons qui se sont dévissés. »
Plantations,
noues et haies
Le Rolliet va bénéficier d'une intégration paysagère soignée, avec des espaces
verts et des plantations d’arbres venant d’une pépinière communale, haies et
massifs végétaux qui ponctueront le quartier. Des noues paysagères et des
fosses de Stockholm seront aménagées pour gérer les eaux pluviales de manière
naturelle, tout en contribuant à la biodiversité locale. La mobilité a bien sûr
été un enjeu important. Ainsi, l’espace dédié aux voitures a été réduit –
aucune voiture ne circulera à l’intérieur du quartier – permettant de libérer
de la place pour les autres usagers. Le taux de stationnement a été réduit à
0.6 places pour 100 m² de logement. Une Centrale de mobilité sera créée afin
d’orienter les habitants vers les alternatives existantes à la voiture
individuelle et mettra à disposition des vélos et vélos cargos. Elle fournira des
informations sur les modes de transports et organisera entre autres du covoiturage.
Le tramway 15 à proximité et le bus proposent une très bonne desserte en transports
publics. Une offre qui doit être enrichie, dès 2040, par une gare ferroviaire sur
la ligne Jura-Salève.