La villa Nierlé rejoint l’inventaire genevois des bâtiments dignes de protection
Construite en 1962 à Lancy (GE), cette bâtisse associe vie domestique et travail dans une architecture épurée. Désormais classée à l’inventaire cantonal, elle intègre des solutions hospitalières pour contrer les nuisances acoustiques et structurelles du site.

Crédit image: photo G. Klemm, c.1962).
La villa affirme toujours une modernité marquée et intègre des innovations issues du domaine hospitalier.
Construite en 1962 à Lancy sur un terrain en forte pente, face à la gare genevoise de la Praille, la villa Nierlé se présente comme un objet à la volumétrie puissante dont la modernité s’affirme avec éclat. Elle concentre nombre d’innovations techniques et constructives que l’architecte Pierre Nierlé transpose du domaine hospitalier à celui de l’habitation. En rénovation, elle est désormais inscrite au patrimoine du canton.
Villa
à double usage
Connu surtout pour sa carrière hospitalière (hôpital cantonal, hôpital
Beau-Séjour, infirmerie gériatrique du Prieuré, etc.), Pierre Nierlé est un des
rares architectes genevois à réunir sous un même toit domicile privé et
activité professionnelle. La villa qu’il réalise en 1962 à l’avenue
Eugène-Lance prend ainsi la forme d’un long parallélépipède rectangle en béton
apparent dont la partie supérieure, dédiée à l’habitation familiale et au
garage, surplombe un socle abritant l’atelier et ses collaborateurs. Alors que
ce dernier, accessible au moyen d’un élégant escalier métallique en colimaçon,
présente un grand espace ouvert protégé par les lames brise-soleil en béton, le
rez supérieur s’organise le long d’une bande de services et de circulation
(cuisine, escalier, WC, salle de bains, lingerie, etc.) distribuant les pièces
principales (coin à manger, séjour, chambres), toutes largement orientées vers
les voies et le panorama à l’est grâce à une série de grandes fenêtres
basculantes.

Crédit image: OPS-IMAH / photo Y. Delemontey, 2024.
Vue depuis les voies CFF, la façade de la villa est aujourd’hui entièrement recouverte de vigne vierge, dissimulant son architecture et l’intégrant littéralement dans son environnement.
A travers cette réalisation, l'architecte dévoile son penchant pour la recherche de solutions techniques innovantes, puisant dans ses expériences constructives issues du domaine hospitalier qu’il transpose ici afin de résoudre le problème des nuisances sonores et des vibrations liées à la proximité du trafic ferroviaire et routier. Il en va ainsi du choix des dalles et murs massifs en béton armé comme de celui des fenêtres-caissons isolantes, en passant par le choix des nombreux matériaux de revêtement absorbants ou celui du système de chauffage et de ventilation à air pulsé. Ajouté à cela le dispositif structurel particulier qui consiste à désolidariser les deux niveaux de la construction, on peut dire que la villa concentre une quantité d’innovations techniques et constructives qui en font un véritable prototype architectural.
Intérieurs
soignés et mobilier intégré
Enfin, l’architecte apporte un soin extrême au dessin du mobilier intégré,
offrant des espaces intérieurs raffinés et fonctionnels, qu’il combine avec une
polychromie chatoyante en contraste avec la tonalité quasi monochrome des
enveloppes de façade. En dépit de divers transformations opérées suite au
départ des Nierlé en 1990 (extension en 1992, aménagement du garage en
habitation en 2016), la villa est dans l’ensemble très bien préservée. Elle
fait actuellement l’objet d’une rénovation attentive qui devra être
respectueuse de sa conception architecturale comme de son authenticité matérielle.