Le collège neuchâtelois des Parcs garde son charme en se rénovant
C’est un « palais » Heimatstil, mais aussi une boîte à surprises. Le collège plus que centenaire des Parcs, à Neuchâtel, est sur la voie d’une réhabilitation complète. Ses atouts patrimoniaux sont conservés dans le cadre d’un profond assainissement énergétique, par le biais de nouveaux vitrages pour ses 200 fenêtres et la pose de tuiles solaires en toiture.
Crédit image: Philippe Chopard
Construit en 1914, le bâtiment en impose par sa taille et son cachet. Sa rénovation tient compte de ses richesses patrimoniales, notamment de ses fenêtres et de sa toiture.
C’est un « palais » au charme scolaire complètement désuet. Construit entre 1912 et 1914, le vaste collège primaire des Parcs, à Neuchâtel, cache actuellement sous les échafaudages son Heimatstil et une conception anachronique de l’école. Mais qu’à cela ne tienne, la Ville le rénove tout en réhabilitant avec soin ses atouts patrimoniaux. Une vraie gageure pour un bâtiment qui doit subir un assainissement énergétique très poussé tout en s’adaptant à l’école d’aujourd’hui.
Conçus sur la base d’une enveloppe de 45 millions de francs, les travaux entamés en 2022 sont gigantesques. Le collège était conçu à l’origine pour 800 élèves et en abritait encore 400 avant que les enfants et les enseignants prennent temporairement le chemin de deux autres établissements. Les entreprises interviennent dans un bâtiment fait de vastes couloirs et cages d’escalier et de salles de classe très spacieuses. Les traces du passé architectural des Parcs sont de plus très nombreuses. Pour preuve, aux dires du conservateur cantonal neuchâtelois des monuments et sites Frédéric Frank, ce chantier est celui d’une « boîte à surprises ».
Les découvertes sur place ont en effet révélé le cachet exceptionnel de ce bâtiment. Notamment au niveau des soubassements des murs intérieurs recouverts d’un enduit jaunâtre. Il a fallu sabler et traiter chimiquement de nombreuses portions de ces bases de murs pour retrouver leur aspect d’origine. Les portes des salles de classe sont aussi ornées de motifs figuratifs entourant leurs numéros. Certaines vieilles inscriptions ont été conservées. L’horloge du clocheton sommital a même révélé une peinture disparue. La rénovation a aussi mis en évidence d’anciennes fresques murales propres au style architectural d’avant la Première Guerre mondiale.
Crédit image: Ville de Neuchâtel, Lucas Vuitel
La toiture a été agrémentée d’un nouveau type de tuiles solaires, posées sans ferblanterie.
Outre ces soucis de préservation patrimoniale, le chantier a aussi eu recours aux matériaux recyclés. Mais le principal souci de la Ville de Neuchâtel pour l’un de ses plus grands collèges était cependant d’ordre énergétique. Les travaux d’assainissement devaient tenir compte des caractéristiques patrimoniales du bâtiment, au demeurant très énergivore avant les travaux. Cela a conduit le maître d’ouvrage à conserver les 200 fenêtres, en améliorant sensiblement l’isolation. Pour cela, les cadres de bois de pin – matériau pas idéal a priori pour un bon bilan thermique – ont été sauvegardés. Le vitrage extérieur a été renforcé par une nouvelle couche isolante de faible épaisseur à l’intérieur. Une solution aussi performante énergétiquement qu’un triple vitrage, assure la direction du chantier. Ces travaux, encore en cours, font appel à des compétences artisanales avérées.
Autosuffisance
énergétique
L’heure est aussi à la recherche de l’autosuffisance énergétique. La
consommation d’électricité du collège des Parcs sera largement assurée par des
tuiles solaires en toiture. Les nouveaux éléments photovoltaïques sont posés
sans ferblanterie sur le lattage et le contre-lattage d’une toiture. Elles
revêtent plusieurs formes, notamment recourbées, et leur assemblage s’est
apparenté à un véritable puzzle ! Ces tuiles sont munies de capteurs
électroniques qui optimisent leur production d’électricité et qui, reliées à un
onduleur, permettent de signaler assez rapidement d’éventuelles anomalies ou
défauts d’étanchéité. Sur près de 2000 m² de toiture, elles accusent un
rendement légèrement inférieur à un panneau solaire classique. Cependant, elles
sauvegardent le cachet architectural du bâtiment. Tout en assurant une
production de 160 000 kWh par an. C’est plus qu’il n’en faudra pour la
consommation de ce vénérable collège réhabilité. Et cela en réduira
considérablement les frais. Ce type de tuiles solaire est pionnier dans le
canton de Neuchâtel. L’entreprise vaudoise Freesuns est aussi en train de
l’utiliser dans le cadre de la réfection de l’ancien bâtiment du Lycée
Jean-Piaget, au bord du lac.
Trois chantiers
en un
La rénovation
du collège des Parcs regroupe en fait trois chantiers. En premier lieu, celui
de l’assainissement du bâtiment scolaire proprement dit. La Ville de Neuchâtel
le réhabilite tout en l’adaptant à l’école de demain. Le rez-de-chaussée sera
ainsi reconverti en espace réservé à l’accueil parascolaire, avec cuisine et
espace de restauration. Le canton de Neuchâtel vient en effet de s’engager en
faveur de la journée scolaire continue, et cela provoque l’aménagement de
locaux adaptés à l’accueil des enfants pendant la pause de midi. A l’intérieur
des salles de classe, des espaces modulables selon les activités qui s’y
dérouleront contrasteront avec la construction d’origine. Des capteurs
permettront d’y mesurer les émissions de dioxyde de carbone en permanence. Les
sanitaires sont en train d’être refaits à neuf avec un système de ventilation
double flux, tout comme dans la nouvelle cuisine. Le collège sera enfin doté
d’un ascenseur et d’une aula avec gradins.
Crédit image: Philippe Chopard
Philippe Chopard Les espaces intérieurs sont vastes et imposants. Tout était bon à l’époque pour célébrer la grandeur de l’école. Les cadres en bois de pin des fenêtres ont été préservés.
Fort heureusement, le bâtiment scolaire était encore en très bon état avant sa rénovation. Les travaux ont même mis en valeur la qualité du savoir-faire des années 1910, visible notamment par la faible épaisseur des dalles posées sur chacun de ses différents niveaux. Cette qualité a facilité les interventions en faveur du patrimoine.
Une salle de
sport sous le préau sud
Les architectes d’origine avaient misé leur projet de collège sur le confort
des élèves. Ceux d’aujourd’hui cultivent cette option dans les deux autres
chantiers qui vont ouvrir sur place. D’une part, l’ancienne salle de
gymnastique sera remplacée par une halle double construite sous le préau sud du
collège. Une galerie intérieure longera l’aire de sport. La cour sud de
récréation, déjà vaste à l’origine, sera en outre réaménagée, avec des éléments
végétalisés. Un effort tout particulier sera porté en faveur de la biodiversité
et l’habitat de diverses espèces d’oiseaux.
Enseignement
sur les balcons
D’autre part, au nord du collège, la Ville de Neuchâtel construira également un
nouveau bâtiment, moderne celui-là, pour remplacer celui de l’ancienne salle de
sport. Cette extension sera ornée de balcons qui prolongeront les locaux
scolaires pour rappeler la grandeur des classes d’origine et permettre des
activités d’enseignement en plein air.
Avec la réhabilitation du collège des Parcs, Neuchâtel prend en quelque sorte le contrepied des décisions avalisées il y a quelques années pour le site de la Maladière. Le bâtiment scolaire construit en même temps que celui des Parcs avait dû être démoli pour laisser la place à l’univers très minéral de Microcity. Les travaux des Parcs dureront jusqu’en 2025.