L'avenir du téléski passe par une reconversion pour produire de l’énergie
Une centrale marémotrice inspirée des téléskis a été
testée avec succès dans le canal de l’Isar, près de Landshut en Allemagne. Des
cerfs-volants immergés, fixés à un câble, convertissent le courant en énergie
grâce à un système de poulies.

Crédit image: Paul Zenner
La centrale marémotrice dans le canal de l’Isar, propulsée par des cerfs-volants fixés à un câble, se donne des airs de sculpture à la Tinguely.
Bien qu’elle soit destinée à être utilisée un jour sur la
côte, une centrale marémotrice allemande a entamé sa première phase de tests loin de la mer. Plus précisément dans le canal Mittlere Isar, près de Landshut. Après deux ans de préparation, le prototype d’environ 100 kg et 18 m de long a
été placé à la mi-septembre à l’aide d’une grue près du barrage de Hofham.
«Cet emplacement est idéal pour le test de fonctionnement, se réjouissent les spécialistes en mécanique des fluides de l'université de Munich, qui ont optimisé la conception et le dimensionnement des
cerfs-volants. La vitesse du courant dans le canal de l'Isar est constante, à
0,6 m/s, ce qui est comparable aux conditions que l'on trouve en mer.»
Un téléski pour produire de l’électricité
A première vue, la construction rappelle un téléski: les extrémités du châssis
sont équipées de poulies de renvoi sur lesquelles passe un câble sans fin. A
celui-ci sont fixés, à l'instar d'une arbalète, de petits profils
aérodynamiques appelés cerfs-volants. La similitude avec un téléski n'est pas
une coïncidence: les cerveaux à l'origine de ce projet sont les frères Anton et
Peter Glasl, de Wackersberg, propriétaires de la seule entreprise allemande de
construction de remontées mécaniques, Enrope GmbH, spécialisée principalement
dans les téléskis. «Comme la neige se fait de plus en plus rare, il faut se diversifier et penser
à l'avenir», expliquent les entrepreneurs.
Vidéo de l'université de Munich sur le projet pilote.
Les cerfs-volants fonctionnent comme le moteur de la
nouvelle centrale électrique. «Contrairement aux remontées mécaniques, où les
poulies de renvoi sont entraînées pour déplacer le câble, nous voulions utiliser
le mouvement du câble pour produire de l'électricité à l'aide de générateurs
placés sur les poulies de renvoi», explique un des concepteurs. A l'aide de
simulations, les cerfs-volants ont donc été conçus de manière à rester stables
dans l'eau et à convertir efficacement le courant en propulsion. De plus, leur
conception a été pensée pour permettre une fabrication à moindre coût.
Voler sous l'eau dans le canal de l'Isar
Comme l'ont prouvé les tests pratiques menés par l'université technique de
Munich, la conception des cerfs-volants répond effectivement aux attentes: les
évaluations montrent que les cerfs-volants s'alignent effectivement de manière
stable dans le courant et volent dans l'eau à une vitesse pouvant atteindre 1,5
m par seconde. Le mot «voler» est utilisé parce que la dynamique des courants aquatiques n'est fondamentalement pas différente de celle de l'air, à ceci près que l'eau
est environ mille fois plus dense. Les cerfs-volants peuvent donc être 1000
fois plus petits qu'une aile dans l'air qui produit la même énergie ou la même
puissance. Les cerfs-volants testés sur le prototype ne mesurent qu'un mètre de
long et 20 cm de large. Dans une «véritable» centrale marémotrice, environ cinq
fois plus grande, ils seraient adaptés et bien plus grands.