Le ciment Portland encore d’actualité pour stocker les déchets radioactifs
Les chercheurs de l’Empa testent au Mont-Terri (JU) la résistance de différents types de ciment à la propagation de substances provenant des déchets nucléaires. Leurs conclusions remettent au goût du jour le bon vieux ciment Portland.
La convention passée entre Swisstopo et le canton du Jura écarte de manière péremptoire le projet de stocker des déchets nucléaires sous le Mont-Terri, près de Saint-Ursanne. Mais la présence d’argiles à 300 m de profondeur offre un terrain de recherches idéal pour la protection du sous-sol en cas de stockage de matières hautement nocives. Diverses institutions participent ainsi depuis 2009 à un programme scientifique sous les montagnes jurassiennes.
Parmi elles, l’Empa. La science à propos de la recherche sur les matériaux des chercheurs zurichois ne se dément pas. Et, en particulier, celle qui concerne le béton et le ciment. Une équipe dirigée par Barbara Lothenbach teste ainsi en conditions réelles les réactions de matériaux à base de ciment et d’argile, à 300 m de profondeur et à différentes températures.
Un pH trop alcalin en cause
Il s’agit de déterminer la résistance de ces matériaux aux potentielles attaques provenant de déchets nocifs. Le caractère fortement alcalin du ciment l’expose à ce genre de dangers. Les chercheurs de l’Empa ont donc testé différents types de ciment, à pH variables. Ils ont finalement établi que le bon vieux ciment Portland, moins cher, pouvait parfaitement faire l’affaire. Les substances radioactives qui pourraient être stockées dans ce type de matériau ne s’échappent en effet pas dans leur environnement.
« Une barrière de béton retarde ainsi la libération de la radioactivité dans l’atmosphère », conclut ainsi Barbara Lothenbach. Les matériaux du ciment lient en effet les substances nocives. Les nouveaux ciments, a ainsi établi l’Empa, sont donc moins performants que les traditionnels. Cependant, la recherche se poursuit pour trouver des alternatives plus écologiques que le ciment Portland, non seulement pour des dépôts géologiques profonds, mais aussi pour d’autres utilisations.