A Genève, sur les rives de l’Arve, Quai Vernets sort de terre

Genève poursuit sa modernisation et mutation urbanistique à coups de projets ambitieux, notamment dans le cadre du vaste programme urbain Praille Acacias Vernets. La construction de Quai Vernets, comprenant 1355 logements, un bâtiment universitaire de 22 000 m² et 8000 m² de surfaces commerciales, marque la transformation du site de l’ancienne caserne et des rives de l’Arve. Coup de projecteur sur ce projet dont le gros œuvre de deux des quatre pièces maîtresses arrive à terme. Livraison échelonnée entre 2026 et 2029.

Crédit image: Losinger Marazzi - Julie Masson

Le quartier durable Quai Vernets comprendra quatre îlots. Le gros oeuvre de la tour de 26 étages, l’îlot D, sera achevé début 2025. Celui de l’îlot A, bâtiment en R+9, le sera d’ici la fin de l’année. L’îlot B est en cours de terrassement et le chantier du C démarrera l’année prochaine.

Entre la tour de la RTS et le siège de Rolex, les Vernets sont un lieu emblématique pour les Genevois. Bien sûr, il y a toujours la piscine et la patinoire, et pendant plus d’un demi-siècle l’espace a été occupé par la caserne des Vernets, construite en 1964, 4,2 hectares au centre-ville dévolus aux troupes de sauvetage. Feu la caserne doit-on écrire, puisque celle-ci a été démolie en 2021 pour faire place notamment à un nouveau quartier d’habitations, une esplanade entièrement végétalisée et la voie verte sur les berges de l’Arve. Une mue sans précédent.

Aujourd’hui, le long des rives de l’Arve, un immense chantier déploie son activité et marque le lancement d’une étape majeure du programme urbain Praille Acacias Vernets. A terme, le projet Quai Vernets offrira 1355 appartements locatifs de tous types, dont deux tiers de LUP (Logement d’utilité publique) et un tiers à loyers libres contrôlés. 200 logements d’étudiants sont également prévus. Au total : 164 000 m² de surface de plancher, dont 8000 m² réservés à du commercial et aux activités culturelles associatives ainsi qu’à l’économie sociale et solidaire. Piétonnier, Quai Vernets promet de faire rimer diversité, qualité de vie et durabilité avec de nombreux espaces verts et une alimentation en énergie 100 % renouvelable. Pas moins de 4000 personnes prendront possession des lieux. Un défi de densification sans précédent !

Crédit image: loomn architektur visualisierung - Jost Hauer

A terme, Quai Vernets offrira 1355 appartements locatifs de tous types, dont deux tiers de LUP (Logement d’utilité publique) et un tiers à loyers libres contrôlés. 200 logements d’étudiants sont également prévus.

Le plan localisé de quartier Les Vernets est le résultat d’un processus novateur à Genève, issu d’une double procédure de concours d’architecture/d’urbanisme et en parallèle d’un appel d’offres investisseurs. « Nous étions fort intéressés à développer et construire ce nouvel environnement, explique Pascal Mirallié, directeur de projet de Quai Vernets chez Losinger Marazzi. Nous avons donc créé une équipe baptisée Ensemble, composée de 8 maîtres d’ouvrages différents, dont 4 d’utilité publique. » Ce collectif piloté par Losinger Marazzi et Pillet SA a remporté le concours ; l’entreprise totale a ainsi généré 14 contrats qui la lient avec les différents maîtres d’ouvrage tous pris individuellement.

Le quartier durable Quai Vernets comprendra quatre îlots. La première phase des travaux a été lancée à l’automne 2022 avec la réalisation de deux premiers lots ainsi qu’une station d’échange, enterrée à 12 m de profondeur à l’abri d’une paroi moulée, dans le cadre du réseau GeniLac. L’îlot A, bâtiment en R+9, est caractérisé par l’emprise de la fouille de l’ordre de 100 m par 150 m avec plus de 8 m terrassés à l’abri d’un rideau de palplanches étayées. Une tour de 26 étages, l’îlot D, est pour sa part ancrée à l’aide de barrettes qui s’enfoncent jusqu’à 60 m de profondeur. Le gros œuvre de l’édifice A sera achevé d’ici la fin de l’année. Celui du lot D le sera début 2025.

Crédit image: Jean-A. Luque

Ce chantier hors norme est un véritable défi logistique. Il faut gérer jusqu’à sept grues et 500 ouvriers, au milieu d’une noria de camions et d’engins de chantier. La rigueur est sans faille avec des voies séparées selon les lots, des circulations piétonnes ou motorisées et des espaces de stockage.

L’îlot B est en cours de terrassement avec l’apparition des premiers radiers et buttons. L’îlot C, imaginé à l’origine comme un complexe bureaux-hôtel, accueillera l’Université de Genève qui souhaite disposer d’un amphithéâtre, de bureaux et de salles de travail. Ce changement d’affectation a nécessité des autorisations complémentaires. Les travaux démarreront l’année prochaine pour une mise en service à l’horizon 2029.

« Le terrain à disposition est imposant, c’est d’ailleurs le plus grand chantier de Suisse pour Losinger Marazzi, précise Pascal Mirallié. Et cela pose des défis importants en termes de planification et de logistique. Nous réalisons Quai Vernets en concertation avec d’autres chantiers environnants de la Ville de Genève : la voie verte, les aménagements publics le long de la rue et du parc Hans Wildorf… Le nouveau groupe scolaire en cours de construction est même enchâssé dans notre périmètre. »

Le fait est que dans cet environnement qui a vu jusqu’à sept grues et comptera 500 ouvriers travaillant de concert, au milieu d’une noria de camions et d’engins de chantier, tout semble parfaitement organisé et serein. « Nous avons mis en place des voies séparées selon les lots, la circulation piétonne ou motorisée, les espaces de stockage, poursuit le directeur de projet. Il faut en permanence anticiper. Par exemple, nous avons pour cela des outils logistiques où les sous-traitants doivent obligatoirement inscrire l’arrivée de leurs camions pour décharger et évacuer les lieux. »

Crédit image: Jean-A. Luque

Même si la construction est classique avec des murs porteurs, des dalles et noyaux centraux en béton, la préfabrication a été largement mise à contribution, qu’il s’agisse de pièces de façade, d’encadrements en béton ou des salles de bain.

La construction de Quai Vernets est classique : des murs porteurs, des dalles et noyaux centraux en béton. La préfabrication est privilégiée qu’il s’agisse de pièces de façade, d’encadrements en béton ou des salles de bain (quelque 2000 pièces). Même les escaliers bénéficient de cette préparation efficiente et productive ; les volées de marche sont équipées de leurs garde-corps au sol, puis posées par grue déjà prêtes à l’emploi, sécurisées.

Economie circulaire
Dans un souci de durabilité et pour favoriser l’économie circulaire, 25 000 tonnes de béton issu des anciens bâtiments de la caserne des Vernets ont été recyclées et utilisées comme granulats dans le béton pour la construction de certaines parties des nouveaux bâtiments. Ceci, combiné à l’utilisation de ciments à faible emprunte environnementale, a permis de réduire l’impact du béton de la construction de presque 20 % rapport aux moyennes nationales.

Crédit image: Jean-A-. Luque

Les escaliers ont été montés et équipés de leurs garde-corps au sol, puis posés par grue déjà prêts à l’emploi et sécurisés.

« Tout se déroule parfaitement, souligne Pascal Mirallié. Certes, la mise à l’enquête pour l’obtention des permis de construire a été longue, plus de quatre ans, car il a fallu convaincre quant à la densification en hauteur. Mis à part la découverte inopinée de terres polluées par des PFAS, concentrées dans les trois premiers mètres de profondeur, et évacuée dans des décharges adaptées, le chantier n’a connu aucune mauvaise surprise. »

Quelque 50 collaboratrices et collaborateurs de l’entreprise totale, majoritairement des conductrices et conducteurs de travaux, veillent sur place à la bonne marche du chantier. Vu sa complexité et sa taille, le projet est mené en BIM, de la planification au contrôle. Le but, à l’arrivée, est de fournir aux maîtres d’ouvrage des modèles numériques entièrement renseignés de manière à optimiser l’exploitation des bâtiments pour les cent prochaines années.