Etude finale lancée pour la réhabilitation de l’amphithéâtre romain de Nyon

Après 26 ans de débats, projets et oppositions, le projet de revalorisation de l’amphithéâtre romain de Nyon (VD) peut enfin aller de l’avant. La Ville va consacrer 1,75 million de francs pour étudier la meilleure manière de conserver ce site et ses vestiges. 

Crédit image: Wikimedia Commons, DarDarCH travail personnel (CC BY-SA 4.0)

Une fois restaurée, cette arène elliptique ne servira de lieu de spectacle que très occasionnellement, affirme déjà la Municipalité de Nyon

Après bien des péripéties, l'amphithéâtre de Nyon peut espérer être réhabilité. La Ville va y consacrer une somme de 1,7 million pour élaborer les contours financiers des futurs travaux, les procédures à engager et leur planification, ainsi que la future scénographie du lieu. Il s’agira ensuite de soumettre au Conseil communal un second préavis portant sur le crédit de réalisation proprement dit.

L’amphithéâtre romain de Nyon, construit au IIᵉ siècle de notre ère, a été découvert en 1996 à  la suite d’un terrassement entrepris pour la construction d’un immeuble au lieu-dit «Au Croset».  Ses vestiges comprennent une arène elliptique définie par un mur en moellons d’origine morainique et liés au mortier de chaux. Un déambulatoire bordait les premiers gradins construits en molasse massive. Selon les experts, il pouvait exister au minimum 17 rangs de sièges. Dans la partie haute, ils supposent que les rangées de molasse se poursuivaient jusqu’au haut de l’édifice. L’arène comportait deux cages à animaux en vis-à-vis sur le petit axe, ainsi qu’un système de récolte des eaux de ruissellement reprises par un collecteur souterrain. 

En 2002, le projet «Jules» remporte le concours d’architecture organisé conjointement par la Ville de Nyon et le Canton de Vaud. Etant d'une trop grande envergure, la Municipalité décide en 2011 de l’adapter et de le rebaptiser «Jules II». Ce dernier se caractérise par un édicule, appelé la «tour» et situé dans l’angle ouest, pour servir de local technique. La circulation verticale .était assurée  par un escalier entre le niveau de l’arène et celui du gradin. Ce signe architectural établissait un lien visuel entre la ville romaine et le site de l’amphithéâtre. Le site comprenait aussi un édifice allongé en limite et dénommé le «Mur».. Il possédait deux niveaux de déambulatoires, entre arène et gradins.  

L’arène vire au vert
Depuis le lancement du concours d’architecture en 2000, l’eau a coulé sous les ponts. La Municipalité a alors entrepris une démarche participative en deux phases, dans le but de permettre au projet de s’adapter aux nouveaux enjeux, notamment écologiques. Plus précisément, cette démarche devait traiter les aspects liés à l’évolution sociétale et culturelle et aux défis posés par la lutte contre le réchauffement climatique ainsi qu'à la nouvelle stratégie municipale de végétalisation du territoire.  Avec pour objectif d’aboutir à un projet final respectueux du plan de quartier établi pour le voisinage.

Une seconde phase du projet de réhabilitation a été lancée en avril 2021 par un bureau d’urbanisme. Ce dernier doit transformer les expériences individuelles et virtuelles issues des résultats de la démarche participative, dans la réalité physique et culturelle de la ville et de son réseau d’espaces publics. Il s’agit dans ce cadre de distinguer le caractère du lieu et les usages qui lui seront associés. Le projet doit créer un parc archéologique et un musée à ciel ouvert. L’amphithéâtre est un site majeur de l’époque romaine à Nyon. Ses vestiges doivent être protégés tout en étant ouverts à la population et aux visiteurs de la ville.

Calme à préserver
Le site offre du calme dans un environnement bâti. L’esprit du lieu est transmis par le vide de l’arène. L’amphithéâtre sera davantage un lieu de destination et d’ancrage qu’un endroit de passage. L’arène est un espace minéral à respecter, un apport végétal adapté à la nature sensible du talus pourra en  souligner le vide et apporter de la fraîcheur.

Remarquable par sa taille et sa bonne conservation, l’amphithéâtre de Nyon est le sixième mis au jour en Suisse, après ceux d’Avenches, Vindonissa, Augst, Martigny et Berne. Il a été classé monument historique en 1997. Le lancement des travaux est prévu en été 2025, pour une durée totale du chantier de 18 mois environ.