Neuchâtel creusera ses tunnels ferroviaires l’un après l’autre
Malgré les incertitudes politiques pesant sur les projets ferroviaires fédéraux, la construction de la ligne directe entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds est planifiée en deux temps. Soit autant de tunnels à percer. Le calendrier allégera la logistique du futur chantier en réduisant de moitié le nombre des tunneliers à engager.

Crédit image: Etat de Neuchâtel
Le tracé définitif de la ligne sera fixé l'année prochaine, à l'issue de la phase d'avant-projet.
C’est un jeu de domino que le canton de Neuchâtel pratique dans la planification de la construction de la future ligne ferroviaire directe entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds. Les aspects techniques du creusement de cette nouvelle liaison en tunnels sous Chaumont et La Vue-des-Alpes s’accompagnent en effet de contraintes environnementales et paysagères. Tout cela rythme l’avant-projet et la planification des futurs travaux, pour une réalisation attendue à l’horizon 2040.
Un contexte
fédéral difficile
Les CFF et le Conseil d’Etat sont de plus confrontés à un contexte politique
difficile. Le Conseil fédéral a demandé à l’EPFZ une nouvelle expertise sur la
pertinence des nombreux chantiers ferroviaires et routiers en projet ou en
cours en Suisse. Et l’axe rapide entre le Bas et le Haut du canton de Neuchâtel
ne fait plus forcément partie des priorités. Il est soumis à cette évaluation zurichoise
au même titre que 250 autres projets.

Crédit image: dmst; CC_BY-SA_3.0
Le futur tunnel sous Chaumont sera foré depuis l'est de la gare CFF de Neuchâtel.
Quoi qu’il en soit, le dossier progresse, après une phase de prospection géotechnique dans des terrains difficiles. Les CFF, l’Office fédéral des transports (OFT) et le canton ont opté pour un forage successif des deux tunnels prévus pour la voie rapide. Soit d’abord le passage sous la montagne de Chaumont, depuis l’est de la gare de Neuchâtel. Ensuite, le chantier se déplacera au nord, avec la galerie qui reliera le village de Cernier et La Chaux-de-Fonds. Le percement simultané des deux tunnels aurait en effet coûté plus cher. Le mener provoquait aussi la création d’une logistique de chantier plus lourde et une empreinte sur les terres agricoles du Val-de-Ruz plus grande. Ces derniers arguments avaient précipité l’échec en votation d’un premier projet en 2012.
Dix ans de
chantier
La planification du chantier est directement conditionnée par ces choix. Il
faudra environ 10 ans pour creuser les deux tunnels. Une fois le tronçon
réalisé sous Chaumont, il sera possible d’évacuer les matériaux excavés par
rail, comme cela va se pratiquer dans le cadre du chantier du contournement
routier du Locle. 88'000 rotations de camions au travers du Val-de-Ruz pourront
ainsi être évitées. Deux tunneliers au lieu de quatre pourront aussi être
engagés. Ce qui va réduire les émissions des équivalents de dioxyde de carbone
de 38%, estiment les experts.
Chambrelien aux oubliettes
L’avant-projet
doit encore être affiné d’ici 2026 avant la mise à l’enquête publique du tracé
définitif. L’OFT délivrera l'autorisation de construire. Le chantier pourra
alors commencer. La mise en service de la ligne bouleversera profondément les
habitudes de mobilité de la population neuchâteloise, pour autant que cette dernière
passe de la route au rail. Au plan symbolique, le retournement séculaire de
Chambrelien sera relégué dans la mémoire d’une ligne actuellement saturée,
notamment aux heures de pointe.